Semaine de la science : l’UM6P revisite les contributions des savants arabes
Selon son président, le choix de ce thème est dicté par le fait que la science arabe a brillé par le passé, elle peut à nouveau éclairer nos ambitions de développement durable, à l’image de la fabuleuse avancée de la technologie digitale qui ouvre d’immenses opportunités et facilite le partage de connaissances scientifiques avec le plus grand nombre d’Africains.
Depuis lundi, «la Semaine de la science» bat son plein dans les trois campus de l’Université Mohammed VI polytechnique (UM6P), à Laâyoune, Benguerir et Rabat. «Cette année, nous avons décidé de mettre en lumière la contribution des scientifiques arabes à l’avancée de la science universelle, entre le VIIIe et le XIIIe siècle. Cette contribution sera notamment visitée à 360°, c’est-à-dire que plusieurs experts, chercheurs, historiens et scientifiques se relayeront pour présenter les travaux qui ont été faits par des savants arabes dans les différents domaines de la science que nous enseignons également ici à l’Université», a notamment expliqué Hicham El Habti, le président de l’UM6P, qui, en poursuivant son propos, a également ajouté que «la science arabe a brillé par le passé, elle peut à nouveau éclairer nos ambitions de développement durable, à l’image de la fabuleuse avancée de la technologie digitale qui ouvre d’immenses opportunités et facilite le partage de connaissances scientifiques avec le plus grand nombre d’Africains».
Objectif : éclairer les étudiants et les pousser vers l’excellence…
Autrement dit, l’objectif général de «la Semaine de la science» est de traiter de sujets motivants pour pousser les étudiants à aller vers l’excellence. Et l’objectif spécifique de l’édition de cette année, axée sur le thème : «Quand la science parlait arabe !», qui se tient en présentiel et en distantiel, est de montrer aux étudiants que la science fut aussi arabe, et que des savants musulmans ont été même précurseurs dans plusieurs domaines. Pour y parvenir, l’UM6P s’est alliée avec un grand défenseur de la pensée arabe, en l’occurrence l’ingénieur et économiste marocain, professeur de littérature à l’Université d’Amsterdam, romancier, poète, éditorialiste et critique littéraire, Fouad Laroui, qui a rappelé l’objectif de l’événement avant d’ajouter qu’«à l’UM6P, l’ambition est d’atteindre l’excellence scientifique.
C’est pourquoi, il faut enlever tous les complexes et les tabous chez les étudiants en leur disant que la science peut s’exprimer dans n’importe quelle langue, et qu’à force de travail et de détermination, toute personne, sur cette planète, est capable d’atteindre l’excellence scientifique». En tout cas, plusieurs preuves ont été fournies sur les longueurs d’avance prises par des savants arabes dans la physique, la chimie, les mathématiques, l’anthropologie, la publication encyclopédique, etc. Par exemple, en physique, si le principe de l’inertie, qui a une grande importance philosophique (il est qualifié comme étant la Déclaration d’indépendance de l’univers), est attribué à plusieurs pères putatifs comme Aristote, Kepler, Galilée ou encore le plus consensuel Newton (1642-1727), on le retrouve aussi chez plusieurs savants arabes comme Ibn Al Haytham (965 – 1040).
…En réécrivant l’Histoire de la science universelle
L’usage des décimales n’a pas non plus commencé avec Simon Steven (1448-1520), mais plutôt avec Ghiyat Al-Dine Al Kasmi (1380-1429). Idem pour les coordonnées cartésiennes, en mathématiques, qui ont permis de réduire la géométrie à l’algèbre, il faut les attribuer à Thabit Ibn Qurra (856-901) plutôt qu’à René Descartes (1596-1650). Autre exemple, la méthode dite de Newton, attribuée à Issac Newton (1642 -1727), a été en réalité préalablement trouvée par Ghiyat Al-Dine Al Kasmi (1380-1429) qualifié de premier chimiste de l’histoire et surtout par deux autres savants arabes plusieurs siècles auparavant. Il s’agit de Jabir Ibn Hayam (836-901) et de Abu Bakr Mohammad Ibn Zakariya Al Razi qui a découvert l’acide sulfurique et l’éthanol. En anthropologie, Abu Rayhan Al Burini (973-1050) a été le premier à se lancer dans le calcul de la circonférence de la Terre. Et comme un vrai scientifique, qui se doit d’être modeste, il a déclaré qu’il avait «une vérité provisoire». Dans la pensée sur l’évolution, également, des savants arabes se sont penchés sur la question 1.000 ans avant Darwin (1809-1882) et le Darwinisme qui est arrivé graduellement.
Parmi eux, on peut notamment citer Al Jahiz (776 – 888), Ibn Tofayl (1105-1185) ou encore Ibn Khaldoun (1332-1406). Dans le domaine de publications encyclopédiques aussi, l’encyclopédie de Diderot et D’Alembert suit la même logique de présentation de l’Encyclopédie des frères de la pureté publié 1.000 ans auparavant à Bagdad, l’actuelle capitale de l’Iraq. Le savant Ibn Al Baidar (1197-1248) est également intimement associé à la botanique. Dans les mathématiques, le chercheur et historien des mathématiques, Ahmed Djebbar, est longuement revenu sur les résultats de ses recherches à travers lesquelles il a notamment découvert que les savants de l’islam ont contribué à l’émergence de l’algèbre au IXe siècle, à la trigonométrie, à la science du temps, à l’analyse combinatoire, à l’optique géométrique ainsi qu’à l’émergence de nouveaux outils tels que la notion de polynôme, l’approximation (Archimed), le théorème des sinus dans l’astronomie, la loi du sinus et le symbolisme mathématique. À signaler qu’en plus du forum, les étudiants participent activement à cette «Semaine de la science» à travers une exposition dans la robotique, la chimie, l’architecture, la photographie, les mathématiques et science des données…
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO