La dose de trop
La colère populaire, fusant de toutes parts à propos de la troisième dose du vaccin anti-Covid, a atteint un seuil qui impose de replacer le sujet dans son contexte. Surtout, la situation ambiante mérite de reconsidérer distinctement chaque point avant de prendre position. Car, en fait, qu’est ce qui fâche le plus, l’appel au troisième vaccin ou l’obligation du pass vaccinal ? Les deux années de pandémie nous ont appris que la vaccination n’est aucunement superflue.
Dans le cadre des efforts publics pour asseoir un maximum d’immunité collective, la mise en place du pass vaccinal est aussi loin d’être dénuée d’intérêt. En revanche, ce qui est de trop, c’est l’excès de zèle qui a attisé le brasier social, au cours des derniers jours.
La décision d’imposer le pass vaccinal pour accéder aux lieux publics était déjà suffisamment sensible, eu égard à son impact «ségrégatif», sans pour autant que certains agents de sécurité et d’autorité n’en fassent un peu plus que nécessaire. Une petite dose de rigueur de trop et tout dérape. L’on a vu des citoyens se faire contrôler «violemment» dans la rue, d’autres ne pouvant accéder à leurs lieux de travail ou encore se trouvant dans l’incapacité de remplir des formalités administratives… Ce qui est certain, c’est que davantage de clarté dans la communication et plus de logique dans les procédures nous auraient épargné toute cette tension.
Ce n’est pas faute d’avoir essayé, car dans l’interview qu’il vient d’accorder, Khalid Ait Taleb a tenté de convaincre mais il en faut plus pour rétablir la confiance et regagner la réceptivité du citoyen. En tout cas, abstraction faite de son indiscutable portée sanitaire, cette affaire de pass vaccinal et de troisième dose a, malheureusement, écorché la relation citoyen-gouvernement, plombant les ondes positives qui devaient régner durant ces 100 premiers jours de mandature. Pour autant, tout n’est pas perdu, à condition de corriger le tir… Et rapidement !
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO