Campagne électorale. Les stratégies à l’épreuve de la Covid-19
La campagne électorale démarre aujourd’hui avec, comme souci principal, la volonté d’éviter le piège d’une campagne timide qui compromettrait davantage un seuil de participation déjà préoccupant.
La campagne électorale démarre aujourd’hui dans un climat inédit pour les partis politiques. En effet, les exigences imposées par les mesures de restriction, visant à contenir la propagation de la Covid-19, devront être pleinement respectées par les partis politiques en lice pour les élections législatives, régionales et communales.
Les candidats des différentes formations en présence devront donc tester de nouvelles formules de communication avec la base électorale, axées sur l’usage des modalités numériques, tout en veillant au respect des normes de distanciation sociale, lors des meetings électoraux ainsi qu’à l’occasion de la présentation de leurs programmes dans les circonscriptions électorales.
Il faut dire que, tant les candidats expérimentés, qui ont déjà eu à solliciter le suffrage des électeurs lors d’élections antérieures, que les novices, qui se présentent pour la première fois, devront user de techniques innovantes pour faire passer leurs messages durant la campagne électorale, en vue de maximiser leurs chances de remporter le scrutin.
En attendant la typologie des candidats qui se sont déclarés, la date de dépôt des candidatures ayant expiré hier 25 août, les partis politiques ont préparé plusieurs plateformes qui leur serviront d’outils numériques de communication.
Ce nouveau procédé constitue une alternative incontournable pour assurer le bon déroulement d’élections qui interviennent en plein contexte pandémique, et où l’échange d’informations peut difficilement s’opérer via le contact physique direct. Principale cible visée, les jeunes, qui utilisent les réseaux sociaux comme principale source d’information, et sont plus enclins à exploiter les plateformes qui seront activées.
Pour leur part, les administrations ont été invitées à conserver la neutralité requise tout au long de la campagne. Dans ce cadre, une circulaire du Chef du gouvernement sortant a mis en garde contre tout usage illégal des équipements et moyens techniques des administrations dans la campagne électorale, que ces derniers relèvent des établissements publics ou des régions et communes.
Un nouveau dispositif réglementaire a été élaboré, à l’intention des candidats exerçant dans la fonction publique ou au sein des collectivités territoriales, en vue de leur faciliter les modalités de la campagne. À noter qu’une frange importante de candidats, à ce mandat communal ou régional, est concernée par ces mesures de souplesse. «L’objectif est de garantir l’égalité des chances tout en veillant à la continuité des services publics durant cette période préélectorale et après la tenue du scrutin», indique la circulaire publiée au cours du mois d’août par le Chef du gouvernement dont Les Inspirations ECO l’a annoncé précédemment.
Un important concours financier de l’État
Les partis politiques bénéficient de la participation de l’État au financement de leurs campagnes. La principale condition, posée par la loi organique
L’accès aux médias, les réglages apportés
Une série de mesures prévues en vue d’assurer l’équité d’accès des partis politiques aux médias audiovisuels. Les radios et télévisions, publiques et privées, devront adapter leurs offres et grilles de programmes d’information et organiser l’animation du débat public, en relation avec les élections.
Les programmes associés au démarrage de la campagne, qui sont diffusés par les radios et télévisions publiques généralistes, devront prévoir, essentiellement, les émissions d’expression directe radiophoniques et télévisées, réservées aux partis politiques participant aux élections, ainsi que les interventions des représentants des partis, dans le cadre des journaux d’information télévisés et radiophoniques.
À souligner que la couverture des rassemblements électoraux des partis, participant aux élections, est également concernée par le suivi qui sera assuré par la HACA. D’un autre côté, le temps consacré à la campagne électorale officielle par les médias publics, est réparti en quotas réservés aux partis en compétition.
Ces quotas, déterminés par décret, sont fixés sur la base de la représentativité des partis politiques dans les deux Chambres du Parlement. Le timing des émissions d’expression directe et l’ordre de passage des représentants des partis dans les journaux télévisés et radiophoniques sont, quant à eux, fixés par tirage au sort, organisé sous la présidence des représentant, respectivement, du pouvoir exécutif, des partis politiques participant aux élections, et de ceux des radios et télévisions concernées.
07-21, étant que le parti éligible au financement public puisse couvrir au moins le 1/3 des circonscriptions locales relatives aux élections de la Chambre des représentants.
Chaque candidat est tenu d’établir un état des dépenses engagées par ses soins à l’occasion de la campagne électorale, pièces justificatives à l’appui. Il doit, également, fournir un état détaillant les sources de financement de sa campagne.
«Le code électoral conçoit un système rigoureux visant à parer à toute forme de financement occulte des campagnes et à assurer le respect, par les candidats, du plafonnement des dépenses électorales», indique le dispositif légal en vigueur.
Pour rappel, plusieurs partis ont suggéré de rendre obligatoire la désignation d’un agent financier pour chaque candidat tête de liste, et l’ouverture d’un compte bancaire propre aux dépenses de la campagne électorale, destiné à servir de base aux déclarations qui seront déposées devant les Cours régionales des comptes, dans un délai de 90 jours après la proclamation des résultats des élections.
À noter que la contribution publique devrait s’élever à 160 MDH au titre du financement de la campagne électorale de la Chambre des représentants, et à 180 MDH, pour les élections régionales et communales. Pour leur part, les partis politiques, en lice pour le renouvellement de la Chambre des conseillers, recevront une dotation de 20 MDH, dont 8 MDH en faveur des groupes de syndicats.
Dans le même registre, les avances octroyées à chaque parti politique seront de l’ordre de 750.000 DH, alors que les seuils fixés s’établissent à 300.000 DH pour les candidats aux élections législatives, 150.000 DH pour les membres du Conseil des régions, et 50.000 DH pour les candidats aux sièges des Conseils communaux.
Les statistiques relatives à ce volet font ressortir une forte concentration des dépenses au sein des grands partis représentés au sein des deux Chambres du parlement, puisque sept d’entre eux ont accaparé 90,15% du total des dépenses déclarées. A noter, par ailleurs, que le montant total des ressources des partis politiques, au titre de l’exercice 2019, a atteint 127 MDH, contre 120 MDH en 2018 et 128 MDH en 2017.
Younes Bennajah / Les Inspirations ÉCO