Secteur de la santé : une nouvelle stratégie pour protéger les ressources humaines
Le département de la Santé a lancé le processus d’élaboration d’une stratégie nationale destinée à renforcer la santé et la sécurité dans les lieux de travail des salariés et cadres sanitaires dans le pays.
Plus que jamais, la crise sanitaire a démontré l’urgence de la mise en place d’une vision intégrée qui protège les travailleurs du secteur de la santé contre les risques liés à l’exercice de leurs fonctions. Conscient de la nécessité d’accélérer le processus d’élaboration d’une stratégie nationale pour le secteur de la santé, le département de tutelle a indiqué qu’une initiative dans ce sens est à l’ordre du jour, afin de «renforcer la valorisation du capital humain national dans le domaine sanitaire, essentiellement les fonctionnaires travaillant dans les divers services».
Le ministère précise que cette réforme s’impose «vu la spécificité du secteur sanitaire et en raison des changements qui sont intervenus au double niveau organisationnel et structurel, ainsi qu’en matière de développement des programmes et des services publics», tel que souligné dans le cadre conceptuel de la stratégie projetée. Il s’agit de renforcer les missions dévolues aux diverses catégories de travailleurs dans le secteur sanitaire et, surtout, de «requalifier le système sanitaire et améliorer sa gouvernance». Ceci d’autant que l’accompagnement du chantier de la couverture sociale impose de procéder à la mise en œuvre de la stratégie projetée dans des délais raisonnables, ce qui permettrait au personnel sanitaire d’accomplir ses missions dans des conditions conformes aux standards en matière de santé et de sécurité sur les lieux de travail.
Des programmes régionaux à l’ordre du jour
La mise en place de la nouvelle stratégie sera bien évidemment déployée dans les régions. Toutefois, l’impact attendu de cette approche régionalisée ne peut être atteint sans un investissement réel dans le renforcement des capacités des directions régionales de la Santé qui constituent un relais stratégique de toute politique sanitaire.
Le département de la Santé souligne, en outre, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sera un principal clé durant cette étape de conception de la stratégie, «avec une forte implication de l’ensemble des intervenants dans le secteur sanitaire, y compris les partenaires sociaux, les organisations professionnels et le tissu associatif qui œuvre dans le domaine sanitaire», apprend-on. Notons que les ressources humaines font, traditionnellement, partie des points faibles du système de santé marocain.
En effet, la répartition inadaptée du personnel, déjà peu nombreux, entre les zones urbaines et celles rurales constitue l’une de ces lacunes. Il faut aussi y ajouter le nombre disproportionné d’employés âgés, une situation qui génère des difficultés considérables dans le système de santé publique. Il est, par ailleurs, prévu de déployer des programmes régionaux de sécurité dans le cadre de la nouvelle stratégie, en tenant compte du déficit en ressources humaines.
En effet, dans notre pays, l’une des caractéristiques les plus frappantes du secteur est la pénurie de praticiens, comme le mentionnent différents documents officiels. Un problème de longue date, qui persiste malgré de modestes améliorations enregistrées durant ces dernières années. Les chiffres sont alarmants: la densité des médecins, dans le secteur privé comme dans le secteur public, n’arrive pas encore à dépasser 0,62 médecin pour 1.000 habitants, tandis que la densité du personnel infirmier fluctue entre 0,89 et 0,97 pour 1.000 habitants.
Une typologie des risques s’impose
Les risques encourus par les employés et cadres du secteur de la santé peuvent se traduire soit pas des accidents de travail soit par la contraction de maladies spécifiques, dites «maladies professionnelles». Le calcul des coûts sociaux, et notamment ceux liés à des mauvaises conditions de vie de travail, a suscité une prise de conscience aussi bien chez les pouvoirs publics que les employés du secteur. D’où la nécessité de mettre en place des dispositifs «santé et sécurité de travail» permettant de garantir les meilleures conditions physiologiques, physiques et psychosociales aux salariés, dans l’exercice de leurs missions.
Jusqu’à présent, les règles régissant la santé et la sécurité dans le secteur sanitaire sont principalement déployées dans le privé. La finalisation de la nouvelle stratégie s’impose donc, afin de répondre aux attentes de tous les travailleurs dans le secteur. Et vu que les coûts sociaux engendrés par l’absence d’un programme de santé et sécurité du travail dans le secteur sanitaire restent méconnus, l’État devra d’abord dresser une nouvelle typologie des risques professionnels liés à l’exercice des métiers sanitaires.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco