Secteurs cotés : onze ans de rentabilité sous la loupe
CDG Capital analyse la rentabilité des secteurs cotés entre 2008 et 2019. Il en ressort une rentabilité financière globalement baissière à cause notamment du repli de celle économique, même si certains secteurs s’en sortent mieux que d’autres. Décryptage…
CDG Capital s’est attelée à répondre à cette question, par le biais d’une étude analysant la période étalée entre 2008 et 2019. Intitulée «Revue des facteurs déterminants de la rentabilité des secteurs cotés au cours de la dernière décennie, et perspectives», ladite étude passe en revue les entreprises des secteurs cotés, hormis les financières et celles opérant dans le domaine des services. Premier constat livré par les analystes de la CDG : «La rentabilité sectorielle demeure fortement impactée par des facteurs exogènes».
Les télécoms se démarquent à l’international
Ainsi, et dans le détail des secteurs, celui des télécommunications a accusé, durant la dernière décennie, une tendance baissière de sa rentabilité financière, passant de 50% en 2008 à 18% en 2019, révèle l’étude. Selon les analystes, cette baisse s’explique notamment par une saturation du marché, mais aussi par une intensification de la concurrence. En effet, CDG Capital note que le ralentissement de la croissance de l’activité du secteur des télécommunications a été constaté entre 2007 et 2019. Ce dernier s’explique en partie par la maturité du marché mobile au Maroc qui s’est traduit par une décélération de la croissance des nombres d’abonnés mobile et un taux de pénétration avoisinant 131% en 2019.
Pour ce qui est de l’intensification de la concurrence, les analystes rappellent que «l’opérateur historique (Maroc Telecom) a vu sa part de marché se détériorer passant de 60% en 2009 à 41% en 2019» avec l’arrivée d’un nouvel intrant (inwi). Par ailleurs, faut-il le noter, malgré ce ralentissement, le secteur dégage la meilleure rentabilité parmi les autres secteurs cotés à la Bourse de Casablanca. De plus, les télécoms cartonnent sur le plan international. Les analystes soulignent, dans ce sens, que cette rentabilité est «l’une des meilleures à l’échelle internationale». Durant les cinq dernières années, notent-ils, les marges sur les bénéfices ont affiché des taux moyens de 16%, soit un taux, de loin, au-dessus de la moyenne de l’industrie mondiale qui est de 10%. Sans oublier que le ROE (Ratio de rentabilité), réalisé par les opérateurs marocains, affiche un taux moyen de 29%, largement supérieur à la moyenne internationale (15%).
Industrie : une rentabilité comparable aux benchmarks internationaux
Dans son étude, CDG Capital a également fait un zoom sur le secteur industriel, qui regroupe cinq sous-secteurs, à savoir les mines, la pharmacie, l’énergie, l’agro-alimentaire et la chimie. Selon les analyses de la société de Bourse, il affiche lui aussi une tendance baissière pour la période 2008-2019. Sa rentabilité est ainsi passée de 12,3% en 2008 à 9,2% en 2019. Par ailleurs, l’analyse des indicateurs financiers de ce secteur révèle une rentabilité moyenne assez comparable aux benchmarks internationaux. En effet, souligne l’étude, le Maroc présente, sur l’ensemble des principaux secteurs industriels, des ratios de profitabilité et de rentabilité assez comparables aux benchmarks internationaux. «Nous observons tout de même que le Maroc dispose d’une meilleure structure financière. En détail, sur les cinq dernières années, les marges nettes et le ROE du secteur Agroalimentaire enregistrent, respectivement, des taux moyen de 6% et 14,8%, contre une moyenne de 5% et 9,5% à l’international», expliquent les analystes. De son côté, le secteur minier se démarque avec une marge nette et un ROE de 10% comparativement à des moyennes de 6,8% et 7,3% enregistrées à l’international. Et le secteur Énergie affiche, pour sa part, des ratios de rentabilité négatifs contrairement au secteur, côté marocain qui réalise des bénéfices avec une marge nette et un ROE moyens sur les cinq dernières années de respectivement 11,9% et 22,6%.
Les BTP à l’agonie depuis 2011
Comparé aux autres secteurs cotés, le BTP est celui qui souffre le plus. En effet, selon les analystes, il affiche la rentabilité la plus faible, soit 10% en 2019, contre 27% en 2008. Cette situation est due à la crise que traverse le secteur immobilier depuis 2011, souligne-t-on. En effet, il est expliqué auprès de CDG Capital que le secteur trouve des difficultés pour liquider sa production face à une demande en repli, sans compter qu’il doit également faire face à la pression sur les prix en raison des surcapacités existantes sur le marché. Ainsi, les analystes estiment qu’entre 2011 et 2019, les revenus collectés ont affiché un taux de croissance annuel moyen de -4,8% contre 11,8% entre 2007 et 2011. «La faible demande de logements et la baisse de la demande dans le segment des infrastructures ont eu une incidence négative sur la production du secteur BTP», lit-on au niveau de l’étude. Côté investissement, le secteur BTP enregistre également une baisse constante depuis 2007, notent les analystes qui précisent que le secteur Matériaux de construction coté à la Bourse de Casablanca affiche un ratio Capex/CA de 5%, contre 10% pour la région du Moyen Orient et Afrique et 7% pour l’Asie.
Les NTIC, un secteur en plein essor
Contrairement aux autres secteurs, la rentabilité du secteur des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) a connu une bonne dynamique de croissance durant ces dernières années. L’étude fait savoir que le secteur connaît, depuis 2011, une tendance haussière de sa rentabilité financière qui a profité de la transformation digitale, du fort développement du paiement électronique, tout ceci couplé à une gestion efficiente des charges. Par ailleurs, les analystes relèvent que cette rentabilité reste fortement impactée par la conjoncture internationale du fait de la nature de la clientèle du secteur et par l’effet de change. Ils font également remarquer que l’utilisation du levier financier demeure «faible», laissant la marge à un «éventuel recours à la dette pour financer un effet d’échelle plus important ou éventuellement de la croissance externe».
Quel impact de la crise sur la rentabilité des secteurs ?
Dans ce contexte particulier de crise économique, due à la pandémie de la Covid-19, les analystes de la CDG ont également examiné les impacts de celle-ci sur la rentabilité des secteurs cotés. Ainsi, le secteur des Télécoms s’est montré plutôt résilient face à cette crise et n’a pratiquement subi aucun impact, au même titre que le secteur des NTIC, selon l’analyse de la CDG. Cette dernière indique, par ailleurs, que le secteur des BTP a été durement touché par l’effet de la crise en 2020 et que celle-ci a eu un «effet adverse sur les sous-secteurs Boissons et Énergie, qui s’explique par l’arrêt des activités de restauration, et d’hôtellerie plus généralement, et l’arrêt de certaines activités industrielles».
Mariama Ndoye / Les Inspirations Éco