Mohamed Wajih Sbihi : « Une baisse de régime de 30 à 40% est estimée dans la distribution »
Suite à la signature d’une convention de partenariat entre Tijara 2020 et l’Imanor en vue de promouvoir le label Tahceine auprès des entreprises marocaines. plusieurs entreprises membres de la fédération ont été labellisées. Les dernières sociétés en date à avoir décroché ce label sont Foodipex et NATC. Le président de Tijara 2020 explique l’intérêt de cette labélisation et détaille sa stratégie pour accompagner ses membres dans la gestion des effets de la crise sanitaire. Par ailleurs, et compte tenu de l’importance du e-commerce dans le développement du secteur de la distribution au Maroc, une commission spéciale dédiée à cette activité a été créée au sein de la fédération. Entretien avec Mohamed Wajih Sbihi, Président de Tijara 2020.
Quel est l’intérêt des certifications accordées aux entreprises adhérentes à Tijara ?
La gravité de la pandémie du nouveau coronavirus a acculé plusieurs gouvernements, de par le monde, à prendre des mesures préventives drastiques avec des impacts dévastateurs sur leurs économies. Le Maroc en fait partie. Les retombées de cette crise altèrent le système productif et fragilisent davantage le tissu social par la perte d’emploi et l’érosion du pouvoir d’achat. Face à cette situation, et afin de permettre à ses entreprises membres une activité économique continue tout en préservant leur capital humain, en marge du webinaire organisé par l’Institut marocain de normalisation (Imanor) et Tijara 2020 autour du thème «La pertinence d’une certification ou normalisation dans un contexte pandémique» le 25 novembre dernier, une convention de partenariat a été signée entre notre fédération et l’Imanor en vue de promouvoir le label Tahceine auprès de nos entreprises marocaines. Cette initiative, qui s’inscrit dans la continuité des actions entreprises par Tijara 2020 pour l’accompagnement et le soutien de ses membres dans la gestion de la crise engendrée par la Covid-19, a pour objectif de s’assurer de la conformité des dispositifs préventifs et sanitaires adoptés par les entreprises, et surtout d’assurer une sécurité maximale au capital humain et à toutes les parties prenantes de l’écosystème économique. Elle définit les exigences à satisfaire pour assurer la continuité des activités économiques dans des conditions sanitaires maîtrisées et faire face, dans la durée, à la propagation de la Covid-19. Ainsi, l’exigence sanitaire intègre, pour Tijara 2020, une démarche globale au sein de laquelle la dimension humaine est aussi importante que le maintien des activités de notre secteur de distribution, maillon important dans la chaîne de l’assurance d’une sécurité alimentaire pour nos concitoyens.
Selon vous, comment se portent les entreprises de la distribution, suite à l’avènement de la crise sanitaire ?
La crise liée à la Covid-19, notamment la période de confinement, a mis à rude épreuve tous les secteurs économiques tant au niveau international que national. Le secteur marocain de la distribution ne fait pas exception ! Il connaît un ralentissement notable. Selon les sondages effectués auprès des membres, cette baisse est estimée entre 30% à 40%, selon les régions et les typologies d’activité.
Quelle est la stratégie de Tijara 2020 pour accompagner les entreprises adhérentes ?
La stratégie de Tijara 2020 consiste à accompagner ses membres en adoptant des mécanismes agiles ainsi qu’à réviser les modes de gouvernance au moyen d’une digitalisation accrue et de plans de continuité d’activité sur tout le territoire national. De plus, face à cette pandémie, des actions à caractère sanitaire ont été initiées par les membres de Tijara 2020 : la sensibilisation aux règles sanitaires, via la distribution de documents de sensibilisation dans les points de vente (autocollants…) ; la contribution à titre gracieux à la distribution des masques ; la distribution à titre gracieux de kits sanitaires (gels, gants, masques et sachets) et la promotion du label Tahceine dans la culture d’entreprise. Ces faits et constats montrent la convergence des acteurs du secteur de la distribution vers une préoccupation majeure :
l’assurance d’une sécurité alimentaire pour nos concitoyens ainsi que l’action, en tant qu’acteurs responsables et engagés auprès des autorités, afin d’y parvenir.
Plusieurs entreprises ont été confrontées aux effets néfastes de la crise sanitaire. Comment faire face aux enjeux fiscaux ?
Au-delà d’une crise sanitaire majeure, la pandémie de Covid-19 a déclenché une crise économique qui se traduit déjà par des activités en grande difficulté, des défauts de remboursement de crédits et d’autres formes de fragilités. Toutefois, nous nous efforçons de maintenir nos équilibres économiques en faisant preuve d’engagement social pour le maintien des emplois, et de rationalisation concernant nos pratiques et modes managériaux.
Le e-commerce a connu un vrai bond dans le secteur de la distribution, avec la crise sanitaire. Pensez-vous qu’il s’inscrira dans cette tendance, après la Covid-19 ?
Depuis le début de la pandémie, et face aux mesures sanitaires déployées, les modes d’achat des consommateurs ont connu une évolution notable. Le confinement à poussé les «shoppers» à adapter leur mode d’achat et de consommation. Face à ce besoin, les entreprises ont décidé d’accélérer leur stratégie digitale. Selon le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), étude basée sur le nombre d’acheteurs en ligne, le niveau de sécurité des serveurs et la facilité de paiement et de livraiso), le Maroc serait passé de la 85e à la 81e place sur 151 pays évalués. Quant à son ranking en Afrique, le Maroc se hisse au 5e rang derrière d’autres pays comme le Nigéria, en matière de taille de marché. Le e-commerce offre une visibilité ainsi qu’une ouverture au monde sans pareilles au commerce traditionnel. Il offre l’opportunité de toucher de nouveaux marchés, une nouvelle typologie de consommateurs portés sur les transactions digitalisées. Étant invités à rester chez eux, en période de propagation de la Covid-19, les consommateurs ont réalisé une importante quantité d’achats, habituellement effectués en magasin, par le biais de sites marchands. Selon certaines données avérées, le trafic et le nombre de conversion sur les sites web de la grande distribution ont plus que doublé (autour de 2,5 fois plus) par rapport à la période «pré-coronavirus».
Comment ce secteur est-il appréhendé par la stratégie interne de Tijara 2020 ?
Au-delà d’un fait lié à une crise sanitaire, qui pourrait être considérée comme un phénomène conjoncturel, le commerce électronique constitue pour Tijara 2020 un axe de développement stratégique générateur de valeur, auquel elle a dédié une commission thématique afin d’accroître son rôle dans l’essor du secteur du commerce et de la distribution. Le e-commerce est un nouveau canal de distribution auquel la fédération Tijara 2020 porte une attention particulière. L’importance stratégique de ce canal a permis à Tijara de créer très récemment la Commission e-commerce, qui regroupe les players du secteur tels que Jumia. Un webinaire dédié à ce nouveau canal de distribution et à ses enjeux stratégiques dans la cartographie de la distribution sera organisé le 23 février prochain par la fédération Tijara 2020 et ses partenaires : PortNet, CMI, Bank Al-Maghrib ainsi que d’autres organismes publics.
Carte visite
Tijara 2020, ou Fédération des métiers de la distribution des produits de grande consommation (FMDPGC), regroupe les principaux acteurs et distributeurs de produits de grande consommation dans plusieurs activités telles que l’agroalimentaire, les produits d’hygiène, les produits d’entretien, les télécommunications, la minoterie, et ce, afin d’être un interlocuteur commun auprès des pouvoirs publics. La FMDPGC agit pleinement pour la structuration, la modernisation et l’essor du secteur de la distribution à travers une variété d’actions et de partenariats stratégiques. Elle représente et dialogue avec les différentes acteurs et partenaires afin de faire du secteur de la distribution un véritable levier de croissance, générateur de valeur.
Sanae Raqui / Les Inspirations Éco