Alstom boucle le rachat de Bombardier
Le constructeur ferroviaire français Alstom est devenu vendredi le numéro deux mondial du secteur en bouclant le rachat de son concurrent Bombardier, qui lui permet de compléter sa gamme de produits et son implantation géographique. Alstom va débourser au total 5,5 milliards d’euros pour racheter 100% de Bombardier Transport. Le groupe va concrètement payer 4,4 milliards d’euros au groupe canadien pour reprendre ses activités ferroviaires, auxquels s’ajoutent 1,1 milliard qu’il devra reprendre pour combler une trésorerie négative et «d’autres ajustements contractuels». C’est beaucoup moins que le prix de 5,8 à 6,2 milliards d’euros avancé lorsque l’opération a été annoncée en février 2020 et dans le bas de la fourchette de 5,5 à 5,9 milliards réévaluée en septembre.
Alstom devient le numéro deux mondial du secteur avec un chiffre d’affaires combiné de 15,7 milliards d’euros et 75.000 employés dans 70 pays, dont 17.500 ingénieurs. Le Chinois CRRC reste loin devant avec près de 29 milliards d’euros (en 2019), Siemens Mobility étant troisième à 9 milliards. Le PDG Henri Poupart-Lafarge a salué dans un communiqué la création d’»un nouveau leader de dimension mondiale centré sur la mobilité durable et intelligente», fort d’un carnet de commandes de 71,1 milliards d’euros. Le groupe se réjouit d’avoir dans sa nouvelle configuration «un rayonnement commercial sans égal dans toutes les géographies», grâce à la bonne complémentarité d’Alstom et Bombardier Transport, qui avaient jusqu’à présent des tailles à peu près comparables.
De fait, Alstom est bien établi en France, en Italie, en Espagne, en Inde, en Asie du Sud-Est, en Afrique du Nord et au Brésil, tandis que Bombardier Transport –une structure assez décentralisée, basée à Berlin– était bien implanté au Royaume-Uni, en Allemagne, dans les pays Nordiques, en Chine et en Amérique du Nord. Dans les matériels roulant, Bombardier apporte des spécialités jusqu’à présent ignorées par Alstom, comme le monorail, le «people mover» (petit métro automatique surtout employé dans les aéroports), le tramway à voie métrique ou certains types de locomotives. Ses produits vont prochainement arborer le logo du nouveau propriétaire. «Il n’y a pas de raison de garder le nom de Bombardier pour les trains», a expliqué Poupart-Lafarge à l’AFP. Bombardier Transport apporte aussi certains contrats à problèmes (avec des retards de livraison, des pénalités à payer et souvent des problèmes de rentabilité), que la direction va devoir «stabiliser», selon l’expression du PDG.La branche ferroviaire du groupe canadien était d’ailleurs déficitaire sur les neuf premiers moins de 2020 (derniers chiffres connus), et laisse une trésorerie négative. «Évidemment, la marge va être très diluée au départ», prévient M. Poupart-Lafarge, qui donnera de nouveaux objectifs financier cet été. Alstom va désormais employer environ 11.500 personnes en France, avec des ventes estimées de 3,2 milliards d’euros -dont 30% destinés à l’export.
Avec AFP / Les Inspirations Éco