Culture

Littérature. La subtile légèreté de Foenkinos

Les journées passent vite lorsque l’on décide de profiter de la plume de David Foenkinos, celui qui sait raconter les moments de la vie avec aisance et facilité. Ses romans sont fluides, débordants d’humanité et pleins de bons sens. Un régal pour le confinement et les questions existentielles que l’auteur suscite.

“La délicatesse”
(2009)
Premier roman qui lui a valu l’intérêt du public, «La délicatesse» dresse la difficulté de tourner la page après le deuil. Un roman délicat et sensible où, comme dans tous les romans de l’écrivain, les personnages sont très attachants. C’est l’histoire de Nathalie et François, un couple heureux. Ils s’aiment et semblent avoir la vie devant eux mais, un jour, la belle mécanique s’enraye. François décède brutalement. Veuve éplorée, le cœur de Nathalie devient une forteresse où même les plus grands séducteurs vont se heurter. Sauf un : Markus, un collègue terne et maladroit, sans séduction apparente. Sur un malentendu, il obtient de la belle un baiser volé. Pour cet outsider de l’amour, c’est un signe du destin : il se lance à sa conquête…tout en délicatesse. Un roman adapté au cinéma porté par les acteurs Audrey Tautou et François Damiens.

“Les souvenirs”
(2011)
Dans ce roman, l’écrivain qui transforme le banal en poésie, s’attaque à la famille, aux anciens, à l’amour conjugal. «Je voulais dire à mon grand-père que je l’aimais mais je n’y suis pas parvenu. J’ai si souvent été en retard sur les mots que j’aurais voulu dire. Je ne pourrai jamais faire marche arrière vers cette tendresse. Sauf peut-être avec l’écrit, maintenant. Je peux le lui dire, là.». Après le décès de son grand-père, le narrateur réalise l’importance de préserver les instants vécus avec ses proches. Il se rapproche alors de sa grand-mère. Ce roman est le prétexte à une méditation sur le temps, la mémoire, les liens entre générations. Un roman qui se lit en deux jours, comme souvent les romans de Foenkinos et qui fait réfléchir sur la famille et les liens que l’on garde avec les nôtres. Également adapté au cinéma avec un casting incroyable : Michel Blanc, Jean Paul Rouve (également réalisateur), Annie Cordy et Mathieu Spinosi.

“Je vais mieux”
(2013)
Des plus touchants et subtiles de tous les romans de l’écrivain. Celui qui s’attaque souvent aux sujets sensibles, traite de la dépression mais avec une subtilité et une délicatesse impressionnantes. Difficile de parler de dépression. Il arrive à faire rire même tout en respectant ses personnages. «Un jour, je me suis réveillé avec une inexplicable douleur dans le dos. Je pensais que cela passerait, mais non. J’ai tout essayé…J’ai été tour à tour inquiet, désespéré, tenté par le paranormal. Ma vie a commencé à partir dans tous les sens. J’ai eu des problèmes au travail, dans mon couple, avec mes parents, avec mes enfants. Je ne savais plus que faire pour aller mieux…puis, j’ai fini par comprendre».Tel est le pitch d’une œuvre qui se dévore dès les premières pages entamées.

“Charlotte”
(2014)
Auteur boulimique qu’il explique par le fait qu’il a failli mourir jeune et a dû rester hospitalisé très longtemps, David Foenkinos brouilles les pistes avec «Charlotte». Lui qui avait habitué avec des romans humanistes où il raconte l’humain à travers des personnages fictifs mais tirés du réel s’attaque au réel qui rend fictif. Il raconte en prose la vie de Charlotte Salomon, peintre allemande morte à Auschwitz à vingt-six ans alors qu’elle était enceinte. L’écrivain en fait son obsession et il a bien raison puisqu’il rafle le Prix Renaudot et le Goncourt des lycéens. Il suit Charlotte dans sa passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d’une œuvre picturale autobiographique d’une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : «C’est toute ma vie !». Portrait saisissant d’une femme exceptionnelle, évocation d’un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d’une quête. Celle d’un écrivain hanté par une artiste et qui part à sa recherche. Captivant.

“Le Mystère Henri Pick”
(2016)
Encore tout à fait autre chose, l’auteur raconte l’histoire dans l’histoire, à partir du vrai. Il se lance dans une enquête littéraire palpitante à travers la vie d’un bibliothécaire en Bretagne qui décide de recueillir tous les livres refusés par les éditeurs. Il reçoit donc toutes sortes de manuscrits. Parmi ceux-ci, une jeune éditrice découvre ce qu’elle estime être un chef-d’œuvre, écrit par un certain Henri Pick. Elle part à la recherche de l’écrivain et apprend qu’il est mort deux ans auparavant. Selon sa veuve, il n’a jamais lu un livre ni écrit autre chose que des listes de courses. Auréolé de ce mystère, le livre de Pick va devenir un grand succès et aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire. Il va également changer le destin de nombreuses personnes, notamment celui de Jean-Michel Rouche, un journaliste obstiné qui doute de la version officielle. Aussi adapté au cinéma avec à l’affiche Fabrice Luchini et Camille Cottin.

“Vers la beauté”
(2018)
Avec cette œuvre, l’écrivain revient à ces anciens amours. Les histoires d’êtres humains ordinaires mais tout sauf ordinaires. Il dépeint le portrait d’un nouveau gardien de salle au Musée d’Orsay au passé trouble. Tout au long du roman, on découvre ce qui a poussé Antoine Duris, professeur aux beaux-arts de Lyon, à tout quitter pour Paris et pour un «petit job». Mathilde Mattel, DRH du Musée, est rapidement frappée par la personnalité de cet homme taciturne, mystérieux, spécialiste de Modigliani, qui a choisi de s’effacer dans une fonction qui ne correspond pas à ses compétences reconnues. Antoine est affecté à la salle des Modigliani et Mathilde le surprend parfois à parler à mi-voix au portrait de Jeanne Hébuterne, la fiancée du peintre au destin tragique. Il semble fuir tout contact social mais sera vite rattrapé par son destin et surtout par son passé.

“Deux sœurs”
(2019)
Après la beauté, place à la cruauté avec un roman digne d’une tragédie shakespearienne. Si l’on s’attend à la belle légèreté de Foenkinos, ce roman en révèle toute la noirceur. Le romancier ose s’attaquer à la relation ambigüe qui lie deux sœurs. Deux sœurs que tout oppose réunies par la vie. L’une passionnée à qui tout réussi, l’autre plus terre à terre qui a choisi une vie rangée. La première alors qu’elle pensait avoir tout planifier, se retrouve célibataire à la veille de sa demande en mariage. Son futur mari est parti avec une autre. Le monde de Mathilde s’effondre et elle n’arrive plus à continuer comme si de rien n’était. Sa soeur Agathe la recueille dans le petit appartement qu’elle occupe avec son mari Frédéric et leur fille Lili. La relation entre les deux soeurs se redéfinit dans cette cohabitation de plus en plus éprouvante. De nouveaux liens se tissent peu à peu au sein de ce huis-clos familial où chacun peine de plus en plus à trouver l’équilibre. Il suffirait d’un rien pour que tout bascule.



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