L’interview confinée de… l’actrice Ouidad Elma
En tant qu’actrice, c’est le moment de tout oublier ou de travailler plus en attendant que cela passe ?
À chaque fois que je regarde un film, je note des choses que je remarque sur la mise en scène, le jeu. Des idées pour des personnes. Ça fait partie de mon travail, je ne peux pas m’en empêcher ou sinon je me revisionne des scènes sans le son. Je médite beaucoup, je suis contente car je suis de plus en focus et j’arrive à le faire 20 minutes ! Enfin un objectif réussi ! Je continue à développer ma spiritualité qui est essentielle pour moi. Je fais beaucoup de dikr aussi, ça fait beaucoup de bien.
Si vous étiez en quarantaine, quels sont les livres que vous reliriez avec plaisir ? (Et pourquoi ?)
Alors les livres que je relis sont «Femmes qui courent avec les loups» de Clarissa Pinkola Estés ! Ma bible ! Magnifique livre et puis le Coran ! Avant le Ramadan timing parfait
La musique qui vous ferait oublier l’isolement ?
J’ai une playlist de 3.000 sons et je suis tellement heureuse de l’avoir construite au fil du temps, elle est cosmopolite. De Tupac en passant par Jorge Ben Jor pour finir sur Jacques Brel. Aujourd’hui j’ai écouté Joro de Wizkid, Skeletun de Tekno et le dernier album de Dua Lipa.
L’artiste ou les artistes auxquels vous vous identifiez en ce moment ?
Personne. Je suis en introspection totale et je fais beaucoup de méditation. Je me concentre sur moi et je prends du recul pour ce recueillement.
Les films qui vous feraient voyager… ?
Jaime beaucoup Mubi, c’est une plateforme qui te permet de regarder plein de classiques et best seller. Je me suis faite aujourd’hui «Europe 51» de Roberto Rossellini avec Ingrid Bergman et pas mal de films japonais comme «Ghost in the shell» de Kazuya Nomura et «Une affaire de famille» de Hirokazu Kore-eda que j’ai adoré !
Une scène de film qui vous a marqué ?
«Les misérables» de Ladj Ly, la scène de fin est incroyable ! Sinon le film «Parasite», la scène où la fille Ki-jung est sur les toilettes qui débordent d’eau, leur appartement entièrement inondé par les égouts. La symbolique m’a marqué.
Les séries à regarder en ce moment.
«Westworld» parce que mon côté geek adore et puis c’est tourné entre autre par Jonny Campbell avec qui j’ai travaillé sur «The Last post» et j’adore regarder le travail des personnes que je connais et que j’aime. J’aime retrouver leur vision personnelle dans leur travail.
Un tableau qui vous ferait tout oublier…
«Outrenoir» de Soulages. Déconnection totale garantie.
Une chanson qui vous ferait danser quoi qu’il arrive ?
En ce moment , «Ye» de Burna Boy, un artiste nigérian de talent. Extrait de son troisième album «Outside».
Ce qui vous fait toujours rire ?
Louis de Funès ! Tous ses films sans exception me font rire. Un régal ! Un bonheur ! Je l’aime beaucoup cet artiste. Je me suis fait tous ses films, récemment d’ailleurs. C’est parfait pour le confinement.
Les inspirations du moment ?
Je regarde beaucoup de documentaires sur la planète. Entre autre des 3/4 films que je me fais par jour. Je ne mange pas de viande depuis enfant par sensibilité et je suis vegan depuis plusieurs années. Je travaille avec plusieurs associations pour sauver les animaux. Le premier animal que j’ai sauvé, j’avais 8 ans dans le Rif. J’aime voir qu’il y a une prise de conscience à propos de la cause animale. Le discours de Joaquin Phœnix aux Oscars m’a fait tellement du bien ! J’étais émue ! Merci Joaquin ! Et surtout que la majorité des marques ont arrêté l’exploitation de la fourrure grâce à Peta mais aussi à plein d’associations qui font un travail énorme sur le terrain. Je pense notamment à la Fondation Assistance aux animaux – Mercy for Animals, Animal save movement – Karmagawa – Respectons association…et aussi direct action everywhere que je devais rejoindre ce printemps en Californie pour une mission.
Qu’est-ce que cela pourrait vous apprendre sur l’artiste que vous êtes ?
Activiste et engagée. Je respecte mon intuition et ma paix intérieure de plus en plus.
Etes-vous du genre à organiser et planifier vos journées de confinement ou à vous laisser guider ?
Je me laisse guider. Toujours.
Quelle serait une journée type idéale ?
Méditer, boire beaucoup d’eau chaude le matin, découvrir un livre, écrire, regarder un film, prier et dormir. J’aimerai appeler toute ma famille et rire beaucoup avec eux.
Quelles sont vos astuces pour passer le temps ?
Aucune. J’adore m’ennuyer ! Mon imagination a son terrain de jeu : l’ennui. Shakespeare aurait écrit la pièce «Le Roi Lear» lors d’une épidémie de peste bubonique. En 1603, Londres est décimée, littéralement : un habitant de la capitale sur dix périt.
À quel point l’isolement bénéficie à la créativité ?
Créer une œuvre d’art. À nos doigts !
Quelle citation connue ou proverbe vous accompagne ?
«Le monde est en toi.»
Vous découvrez-vous de nouvelles passions ?
Oui, la géopolitique.
Qu’est-ce qui vous rend zen ?
Méditer et regarder des vidéos de chats sur internet
Quels enseignements devons-nous tirer de cette période exceptionnelle ?
Que l’on a la capacité et le devoir d’apprendre à se guérir. L’exploitation animale cause entre autre la déforestation, le changement climatique, les maladies contemporaines et aussi les pandémies. C’est ça que nous vivons actuellement : le mal fait aux animaux. Toutes les pandémies viennent de la violence faite aux animaux. L’épidémie du Covid-19 a trouvé son origine dans un marché chinois qui vendait des animaux exotiques, des oiseaux vivants et des animaux marins dans des conditions horribles pour la consommation humaine. Alors je me demande quand on arrêtera de manger de la viande ? Quand on comprendra qu’il est mauvais et pour notre nature physique et pour notre planète de manger de la viande ? Quand arrêterons-nous l’élevage industriel ? Et l’industrie Halal en fait partie. D’ailleurs comment l’élevage industriel d’animaux peut être halal puisque ça va totalement à l’encontre des directives demandées pour le rituel du sacrifice de l’animal et une machine industrielle de consommation ne peut être un rituel ! Ça a du bon sens ! La consommation de viande doit se faire rare et tant de survie. Comme les tribus d’Arabie en l’an 600 qui vivaient dans un désert où la moitié de l’année, ils traversaient des famines ; alors oui, c’est autorisé. Et on parle de sacrifice. C’est fort comme mot. Aujourd’hui, on a le luxe d’aller au supermarché et d’avoir des millions d’options, c’est quoi la motivation d’acheter de la viande morte d’un animal ? À quel moment trouvons-nous ça nécessaire à notre survie ? Bref, je pourrais en parler pendant des jours tellement ça fait des années que je fais des recherches à tous les niveaux. (historiques/scientifique et religieuse).
Elles se rejoignent toutes. On se doit d’être végétarien pour notre corps, pour notre planète, notre spiritualité. On se regarde quand ?