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Conjoncture & Entreprises de presse: Décryptage avec le Président du Conseil national de la presse

Le Conseil national de la presse (CNP) suit de près la situation de la presse papier en concertation avec les partenaires. Aucun contact n’a encore été établi avec le gouvernement sur la question. Le point avec Younes Moujahid, président du CNP…

Quel regard portez-vous sur la situation de la presse écrite, en pareille conjoncture ?
De manière générale, les répercussions de la conjoncture actuelle touchent tant la presse électronique que papier. Mais, le problème concerne essentiellement la presse papier. On note une forte récession de la publicité car des entreprises ont suspendu leurs contrats avec les journaux. À cela s’ajoute le problème des ventes pour la presse papier. On ne sait pas comment on pourra régler cette crise après la fin de cette conjoncture.

Peut-on considérer le secteur comme sinistré à cause de la conjoncture actuelle ?
Le secteur est en crise. Mais on ne peut pas aller jusqu’à dire qu’il est sinistré. Je pense que l’on n’en est pas encore là. Il faut en effet attendre l’évolution de la situation. Les journaux vivent de la publicité et des ventes. L’absence de ces deux éléments atteste d’une situation de crise.

Que doit-on faire, justement, pour redresser la situation ?
Le Conseil national a tenu une réunion vendredi dernier sur cette situation. Une commission de suivi a été constituée. Elle va être en contact avec les autres partenaires en vue de discuter les mesures à prendre. Le gouvernement a déjà donné ses instructions pour le paiement des arriérés des entreprises. Je crois que c’est la première solution car les entreprises de presse sont aussi concernées. Il faut que les journaux soient payés pour qu’ils continuent à verser les salaires aux journalistes. Mais je ne crois pas que cette mesure, à elle seule, soit suffisante. On ne veut rien annoncer pour le moment. Le conseil est en contact permanent avec les partenaires que sont le Syndicat national de la presse et la fédération des éditeurs. J’ai discuté de la situation avec Bahia Amrani, présidente de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), pas plus tard que mardi dernier, et avec Abdellah El Bakkali, président du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), mercredi dernier. Mais on ne peut pas dire qu’on va demander de l’aide actuellement.

Pourquoi attendre que bon nombre de journaux soient au bord de l’asphyxie ?
On ne sait pas encore. Tout dépend du développement de la situation que nous allons évaluer minutieusement. Déjà, certains journaux dont je ne peux citer les noms ont avancé qu’ils n’allaient payer que 50% des salaires. Les autres vont-ils suivre? Difficile de se prononcer sur la question pour le moment. La situation est aujourd’hui très inquiétante sur le plan social et économique, au niveau du secteur de la presse.

Sur quoi va se pencher la commission que vous avez constituée au sein du Conseil ?
Nous allons suivre et évaluer l’évolution de la situation. On va voir quelle sera la réaction des partenaires.

La réflexion est-elle toujours en cours alors que la crise est avérée ?
On a des rapports des éditeurs et du syndicat sur la situation actuelle. Le conseil ne peut pas prendre de mesures. Il a une commission spécialisée par rapport aux entreprises de presse, mais son travail se fait toujours en concertation avec les autres partenaires.

N’avez-vous pas encore contacté le gouvernement sur la question ?
Jusqu’à maintenant, le contact n’a pas encore été établi avec le gouvernement. On est en train de réfléchir à la situation.

Une cellule de crise a-t-elle été créée entre les différents partenaires ?
Le suivi de la situation est fait par tous les partenaires. Nous allons nous pencher sur les mesures à prendre. Il s’agit d’une question collective qui sera traitée dans le cadre des concertations.

À votre avis, quelles solutions peut-on prendre ?
Je ne peux rien avancer pour le moment. Je tiens à souligner que les journalistes doivent travailler et être payés, surtout en période de crise. Il est indispensable d’avoir une presse en pareilles circonstances. Certes, il y a les médias publics, mais les médias privés doivent aussi continuer à travailler. Pour jouer leur rôle, les entreprises de presse, qui ont une responsabilité sociale, doivent payer les journalistes. Dans tous les pays, on ne peut se passer des journalistes en période de crise. Je crois que ce n’est pas uniquement une responsabilité des professionnels de la presse. Il s’agit plutôt d’une responsabilité collective, de toute la société, de l’État. Je ne peux, pour le moment, avancer les mesures que l’on va annoncer et proposer car la concertation est en cours. La commission de suivi du conseil national doit se concerter avec les partenaires dont les principaux sont les éditeurs et le Syndicat national de la presse.

La marge de manœuvre du conseil national est donc limitée …
Elle n’est pas limitée, mais nous devons toujours travailler ensemble. Le conseil ne peut, en effet, travailler sans les autres partenaires.



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