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Soufiane El Bakkali: “Le jour où je ne pourrais plus monter sur le podium, je cesserai de courir”

Après son sacre aux JO de Tokyo, le champion olympique marocain du 3.000 m steeple, Soufiane El Bakkali, a accordé aux Inspirations ECO un entretien exclusif dans lequel il revient sur les moments forts de son exploit attendu par le sport national depuis les JO d’Athènes en 2004 ainsi que sur l’ambiance générale de cet événement sportif planétaire.

Quelle sensation vous a procuré le fait de remporter la médaille d’or à Tokyo ?

Le titre remporté n’était pas du tout facile à décrocher. Je suis réellement fier d’avoir glané cette médaille olympique à l’âge de 25 ans, après 11 années d’efforts. Ma première participation aux JO de Rio de 2016 m’a permis d’acquérir de l’expérience pour ce genre de rendez-vous.

Cette médaille me permettra de préparer sereinement les prochaines échéances. Je suis par ailleurs fier des réactions exprimées par les Marocains, qui ont manifesté leur joie pour ma victoire.

Je tiens à ce titre à les remercier. Je voudrais également remercier SM le roi pour sa lettre de félicitation qui  m’a été adressée. Je dois dire que j’étais, dès le départ, optimiste en vue de réaliser l’objectif que je m’étais fixé pour ces JO.

Comment expliquez-vous la faible si ce n’est l’inexistante moisson des athlètes marocains lors de ses de ses JO ?

Il est vraiment désolant que les autres sports n’aient pas été en mesure de réaliser des résultats satisfaisants. Le niveau des sportifs marocains présents était moyen, et le stress engendré par la compétition ne les a pas aidé à atteindre les objectifs escomptés.

Sans oublier, la rude concurrence. Moi-même, je fais partie des sportifs marocains, et je vis ce qu’ils vivent. Ceci dit, j’étais confiant et serein, car les choses se préparent bien avant.

De même, les performances réalisées donnent une idée précise sur les résultats attendus. Pour ma part, cela fait 4 ans que j’entretiens mon niveau de compétition pour être au rendez-vous des JO. Il faut dire aussi que la pandémie n’a pas facilité la tâche aux sportifs marocains qui y ont participé.

Le climat dans lequel la compétition s’est déroulée était tendu avec le covid, comment s’est faite l’adaptation aux mesures restrictives ?

J’ai à cet effet du retarder mon voyage au maximum pour les JO. Je suis arrivé à Tokyo seulement 3 jours avant le début de la compétition. Les tests, effectués quotidiennement, ont engendré énormément de stress, car tout résultat positif au Covid19 signifiait une sortie prématurée de la compétition.

Par ailleurs, les JO se sont déroulés en l’absence du public, ce qui a influé sur la motivation des sportifs participants, et a fait perdre le charme habituel découlant de la présence massive des spectateurs sur les gradins.

Vous avez été blessé durant le dernier meeting de Paris. Que s’est-il passé  au juste ?

J’ai fait une chute dans la première barrière de la course, mais, Dieu merci, j’ai pu reprendre très vite les entraînements, et je compte bien réintégrer la compétition dans les meilleurs délais.

À ce propos, quels sont vos prochains rendez-vous ?

Le 5 septembre, je prévois de participer à un meeting en Pologne, et le 8 du même mois, je serai présent à la finale de la Diamond league, à Zurich.

La prime octroyée aux JO est-elle de nature à motiver nos sportifs ?

La prime est, certes, encourageante mais demeure insuffisante. Il est vrai que plusieurs pays ne versent pas à leurs sportifs une somme équivalente à celle octroyée par la Fédération Marocaine s’athlétisme, mais d’autres nations parmi les plus avancées ont des projets olympiques qui s’étalent sur 4 ans. Ce n’est pas le cas chez nous. Je n’ai jamais évoqué ces questions, du moment que mon objectif prioritaire était de réaliser des performances sportives au cours de ma carrière.

D’ailleurs, le jour où je ne pourrais plus monter sur le podium, je cesserai de courir dans les meetings, en vue de sauvegarder ma réputation et mes acquis, à l’instar d’autres athlètes marocains qui m’ont précédé.

À votre avis, pourquoi le sport national n’arrive-t-il plus à engendrer des sportifs de renommée mondiale, comme cela a été le cas par le passé ?

J’ai réussi à apprendre beaucoup de choses car j’ai démarré ma carrière très jeune. Et je dois reconnaitre que la relation qui me lie à mon entraîneur, depuis 11 ans, a été déterminante. Je me suis lancé dans l’athlétisme sous sa supervision, et notre relation est empreinte d’un respect mutuel profond.

C’est ce qui m’a permis de réussir à donner le meilleur de moi-même et à décrocher cette médaille olympique. Concernant les infrastructures sportives, le Maroc dispose de plusieurs atouts qui permettent aux sportifs de s’entraîner dans des conditions répondant aux normes mondiales, comme c’est le cas pour Ifrane.

Combien de temps réservez-vous aux séances d’entraînement ?

Lorsque la saison démarre, j’entame une concentration qui peut durer entre 6 et 7 mois, avec deux séances d’entraînement par jour. Ce n’est pas le cas pour les autres sports où les séances d’entraînements sont hebdomadaires. La durée est à peu près d’une heure par séance, avec un minimum de 15 Km à courir. Il n’y a pas de secret dans l’athlétisme, il faut fournir le maximum d’efforts pour rester au top de sa forme.

Pour les sponsors, comment les choses fonctionnent-elles jusqu’à présent ?

Mon premier partenaire était Nike, avec qui la relation remonte à 2015. Aujourd’hui nous avons renouvelé notre collaboration pour 6 années supplémentaires. Avec mon autre partenaire, Visa, notre collaboration a débuté en 2019. Visa été crucial dans mon parcours et surtout pour ce qui est des préparatifs aux JO de Tokyo.

Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO


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