Sports

Coupe du monde 2022 : “Le Maroc a une chance d’aller jusqu’au bout”… de ses rêves !

Khalid Benali
Membre de l’Ordre mondial des experts internationaux (OMEI)

Le Maroc s’apprête à prendre part, dans quelques jours, à la Coupe du monde 2022 au Qatar. La sélection marocaine est pilotée par un Walid “Hoalid” Regragui sur lequel toute une nation mise pour redorer le blason du football national. Les Lions de l’Atlas réussiront-ils à relever le défi et à offrir aux Marocains un spectacle de qualité ? Khalid Benali, membre de l’Ordre mondial des experts internationaux (OMEI), partage sa vision sur le sujet. 

Quelle lecture faites-vous de la sélection marocaine, à quelques jours du Mondial ?
Il y a un travail important qui a été effectué au niveau de l’équipe du Maroc sur ces quatre dernières années. Elle dispose d’une liste élargie de joueurs avec de nouveaux éléments qui ont rejoint le groupe. Je dirais que l’équipe qui va disputer le Mondial est celle du renouvellement. Un nouvel entraineur, comme Walid Regragui, qui a un mindset marqué par la rage de vaincre et la communication avec les joueurs, saura actionner les ressorts de la motivation pour pousser l’équipe à donner son maximum. Pour ce qui est du groupe dans lequel se trouve le Maroc (le Canada, la Belgique et la Croatie), chaque équipe qualifiée se dit capable de décrocher une place pour le deuxième tour et d’aller le plus loin possible, ce qui est un objectif tout à fait légitime. Maintenant, il faut que cela soit mesuré par rapport aux moyens et au contexte, dans la mesure où tout se joue sur le terrain en 90 minutes. Beaucoup de choses peuvent arriver en ce laps de temps. Il y a bien sûr la préparation et les qualités techniques, mais dès que le doute s’installe, les choses peuvent se renverser. Mais le Maroc a une chance d’aller “jusqu’au bout”, et on ne doit pas partir avec une idée négative de ce que l’on peut faire.

Pensez-vous que Walid Regragui réussira à monter une équipe solide en si peu de temps ?
Walid Regragui avait une idée assez claire du challenge auquel il sera confronté en prenant les rênes des Lions de l’Atlas. Le temps n’était pas suffisant, mais l’objectif était d’avoir un Marocain à la tête de la sélection nationale. Sur le plan personnel et sportif, cette chance ne se reproduira pas. Il a saisi sa chance de participer à la Coupe du monde en tant qu’entraineur de l’équipe du Maroc. Lorsqu’on parle d’une équipe solide, c’est avant tout une composition équilibrée à tous les niveaux. Après les essais et les matchs disputés, nous espérons qu’il pourra revoir et restructurer la formation sur toutes les lignes, et de façon particulière, l’attaque et le milieu de terrain. Sur le plan défensif, il a beaucoup de choix. Maintenant, il faudrait qu’il y ait une harmonisation entre les joueurs. Certains éléments ont regagné leurs clubs, où ils jouent déjà en attendant le Mondial. Mais ce n’est pas le cas pour tous, notamment pour Hakim Ziyech. Certains membres de l’équipe devront saisir cette occasion pour se revaloriser sur le marché international. Certes, il y aura toujours des difficultés, mais il faut garder espoir.

Qu’est-ce qui fait la différence entre Vahid Halilhodžić et Walid Regragui ?
Ce sont deux écoles bien différentes. Regragui est plus jeune que Halilhodžić. Il n’y a qu’à voir le travail qu’il a réalisé avec le Wydad de Casablanca. Il a créé une famille et une équipe homogène. Au bout d’une année, il a réussi à décrocher la Botola nationale et la Champions League de la CAF. Ce sont des atouts dont il dispose, sans parler de sa capacité à communiquer sur le terrain. Pour ce qui est de Vahid, il a débarqué à un moment où l’équipe était en pleine reconstruction. Il a bénéficié d’un grand soutien de la part de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), mais à un certain moment, on a commencé à sentir qu’il agissait tel un capitaine sans équipage. Toute décision concernant l’équipe nationale devait se faire en accord et en consultation avec la FRMF. Vahid a décidé, à un moment, de prendre des décisions, dont il a assumé la responsabilité jusqu’au bout… mais cela s’est retourné contre lui ! S’il avait réussi à aller plus loin en Coupe d’Afrique, à gagner les rencontres contre les USA et les matchs amicaux qui se sont succédés, je pense que les choses auraient pu être différentes pour lui. Le différend avec Ziyech, Mazraoui et Harit n’a pas joué en sa faveur non plus. Vahid a assumé ses propos dans les médias, ce qui n’a pas été forcément du goût de tout le monde, sans parler du fait que cela représentait un “dépassement” de la Fédération. Avec Regragui, il y a une différence dans la communication, chose qui ne peut être que positive pour tous.

Quelle est la clé pour gagner les prochaines rencontres à la Coupe du monde ?
Le Maroc dispose d’une riche histoire pour ce qui est de sa participation à la Coupe du monde. Nos joueurs doivent garder à l’esprit nos précédents passages au Mondial, notamment ceux de 1970, 1986 et 1998. Nous avons des chances, si nous jouons à fond. Sur les trois matchs, il faut bien gérer et déstresser les joueurs. Ces rencontres ne reflèteront en aucun cas tout ce qui a été réalisé dans le football national durant toutes ces années. Ça reste une expérience et une occasion pour s’améliorer, pour l’entraineur, les joueurs et le football national. C’est dans cette logique que l’on devrait s’orienter dans la Coupe du monde.

À votre avis, qu’est-ce qui est plus important, faire une belle performance au Mondial ou remporter la CAN 2023 ?
Il n’est que chose normale que l’on aspire à réussir dans les deux compétitions. Après, entre ce qu’on peut espérer et ce qui va se passer sur le terrain, il y a clairement des écarts. Mais je pense qu’avec une bonne motivation, le support des Marocains et l’accompagnement de la FRMF, qui a mis tous les moyens à la disposition du sélectionneur national et de l’équipe, il y a des raisons d’être optimistes. Les choix devraient répondre à un objectif sur le terrain. Regragui dit miser sur la CAN 2023, mais il se pourrait bien que ce soit une façon de déstresser les joueurs et de leur enlever la pression pour la Coupe du monde. Ses déclarations devraient être appréhendées sur plusieurs dimensions (déstresser, prévenir, motiver…). La Coupe du monde est dans quelques jours, alors que la Coupe d’Afrique est dans quelques mois. Ce sont deux événements phares qui vont conditionner notre football dans le futur, et qui devraient se placer dans un contexte à travers lequel on cherche à couronner tout ce qui a été entrepris par la FRMF pour pousser le football national à un haut niveau.

Abdellah Ouardirhi / Les Inspirations ÉCO



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