Sports

Comment former des champions ?

Fabriquer des champions est l’affaire de tous, tel est le message qui ressort du dernier débat de la Fondation Attijariwafa bank. Une politique de détection de nouveaux talents équivaut à 60% du chemin parcouru. Les 40% restants concernent la formation, l’encadrement et les infrastructures, etc.

Le budget prévisionnel réservé au ministère de la Jeunesse et des sports, au titre de la Loi de finances 2017, s’élève à 2,6 milliards DH, en hausse de 33% en glissement annuel. «Ce record historique révèle l’intérêt de plus en plus grandissant accordé par l’État à la promotion du sport, mais malheureusement les résultats ne suivent pas depuis environ 15 ans», observe Rachid M’rabet, professeur à l’Iscae, qui intervenait, jeudi à Casablanca, lors d’un débat organisé par la Fondation du groupe Attijariwafa bank, sous le thème: «Le sport au Maroc : comment redémarrer la machine à fabriquer des champions». Coïncidant avec l’annonce du décès de l’ancien président de la Fédération royale marocaine du football, Houssain Zemmouri, la rencontre a été marquée par la présence de plusieurs figures légendaires du sport national (Brahim Boulami, Nawal El Moutawakel, Merry Krimau, Abdelmajid Shaita, etc.). En se référant aux travaux de recherche scientifique mesurant la corrélation entre les performances sportives et un certain nombre d’indicateurs micro et macro-économiques, M’rabet constate que le PIB explique à lui seul, à hauteur de 45%, les performances obtenues aux Jeux olympiques. Autrement dit, plus le pays est riche, plus le sport de masse est suffisamment développé pour dénicher de futurs champions. Que ce soit dans le football, l’athlétisme ou toute autre discipline sportive, la détection des talents demeure essentielle. «Nous devons provoquer le talent chez les enfants en bas âge à l’aide d’une bonne politique de détection», souligne Aziz Daouda, directeur technique de la Confédération africaine d’athlétisme.

L’ancien coach de Said Aouita et Hicham El Guerrouj déplore la disparition des compétitions scolaires dans les collèges et les lycées du pays. Pour ressusciter cette ambiance sportive, «il faudra nouer des partenariats avec le ministère de l’Éducation nationale», propose Rachid M’rabet. Nacer Larguet, Directeur technique national (DTN) de la FRMF, apporte, quant à lui, son témoignage en revenant sur l’expérience menée par l’Académie Mohammed VI de football. «Les dirigeants avaient abandonné le foot. Il fallait mettre en place un modèle à suivre. Après deux années de prospection sur l’ensemble du territoire, parmi les 15.000 enfants examinés, 37 sont restés en fin de course, et seuls 18 ont pu achever le cycle de formation de 6 ans». Les diplômés de l’académie sont tous aujourd’hui signataires d’un contrat professionnel dont certains à l’étranger, pour ne citer que l’exemple des deux jeunes internationaux Hamza Mendyl et Youssef Naciri.

CSP inaccessibles!
Le levier de la formation garde, lui aussi, tout son attrait si l’on veut booster la machine à fabriquer des champions. «Nous manquons d’experts et d’éducateurs formateurs», regrette Larguet qui annonce, par la même occasion, la signature avec l’OFPPT et l’Univesité de Limoges (France), d’une convention en vue de former des responsables administratifs et financiers ainsi que des stadium managers. «Nous avons démarré la formation lundi dernier. Les places sont limitées et ont été réservées aux sportifs de haut niveau en cours de reconversion», précise le DTN de la FRMF. En matière de management de sport, il faut dire que l’Iscae, alors dirigé par Rachid M’rabet, avait été le premier à lancer une formation diplômante, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse et des sports. Plusieurs sportifs de haut niveau sont aujourd’hui détenteurs de ce Master, à l’image de Brahim Boulami et Soufiane Alloudi. Les intervenants ont par ailleurs insisté sur l’aménagement du cadre juridique de la pratique du sport (notamment la loi 30-09 devenue à leurs yeux obsolète) et surtout, du poids de l’Histoire ainsi que le fort impact de la donne culturelle sur les performances des sportifs marocains. Pour eux, il est nécessaire de promouvoir le sport de masse. Le concept des Centres sportifs de proximité (CSP) est à revoir car, de par le prix imposé à l’entrée, ces centres restent inaccessibles pour les couches défavorisées !


Omar Bounjou
Directeur général du Groupe Attijariwafa bank

Il est vrai que de nos jours, les jeunes héros se font de plus en plus rares. Le Maroc peine à former des sportifs de haut niveau, capables de grands exploits, à l’instar de leurs aînés. Pour inverser la tendance, il est de notre responsabilité à tous, décideurs publics, opérateurs privés et acteurs de la société civile, d’œuvrer pour redonner au Sport marocain toutes ses lettres de noblesse et favoriser l’émergence de nouveaux talents capables de fédérer notre jeunesse».


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