Surendettement et prédation
Driss Jettou, patron de la Cour des comptes, a mis le doigt là où ça fait mal alors qu’il s’exprimait sur la structure de l’économie marocaine. En effet, il a choisi le Parlement et donc les représentants du peuple pour diagnostiquer les indicateurs macro-économiques. Un choix dicté par des impératifs constitutionnels mais au demeurant un bon prétexte pour tout déballer. De prime abord, il y a lieu de signaler le franc-parler de Jettou, qui nous renvoie à la même ferveur et franchise du verbe exprimées par Jouahri, il y a quelques jours. Si c’est une nouvelle approche dans le discours officiel, et non pas une coïncidence, il y a lieu de saluer cette démarche. On l’a souvent dit haut et fort, nous avons besoin d’espace de débats sans langue de bois. Revenons à de l’intervention de Jettou pour souligner son focus sur l’endettement du pays.
L’ancien Premier ministre, et plusieurs fois ministre, n’a pas mâché ses mots en qualifiant le pays de surendetté et surtout en alertant les pouvoirs publics sur les risques que cela représente. D’aucuns diront qu’il ne nous apprend rien puisque ce constat à été plusieurs fois étalé. Soit. Que cette réalité soit rappelée par un poids lourd de la politique au Maroc, qui est en même temps l’auditeur en chef de la Cour des comptes, cela devrait interpeller le chef de gouvernement et son ministre de l’Économie et des finances, car c’est facile de s’endetter pour boucler son budget. Toutefois, le cumul des dettes est synonyme de perte d’indépendance et d’annexion économique à des pouvoirs externes prédateurs.
Toutes les histoires douloureuses ont commencé par cette case avant de dégénérer et de produire des drames. Dans un passé très récent, le gouvernement a souvent nié de surendetter le pays or, la réalité est toute autre, chiffres à l’appui. Aujourd’hui, il ne faut pas s’attarder sur des échanges vaseux, mais il faudrait développer des alternatives pour financer l’économie et s’interdire de recourir à la facilité.