STRATÉGIE : l’intelligence, pour mieux réussir le Nouveau modèle de développement au Maroc
Ahmed Loukili
Docteur en génie industriel & capitaine au long cours, chercheur dans le domaine de l’optimisation, des performances logistiques et des politiques/stratégies intelligentes.
Le Nouveau modèle de développement, présenté en mai 2021 par Chakib Ben Moussa, président de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), a des objectifs ambitieux, visant à propulser le Maroc dans de nombreux domaines, d’ici 2035.
Ce modèle serait plus performant avec l’intégration de l’intelligence, permettant un meilleur management et une maîtrise de tous ces ensembles de tactiques à travers un système de mesure continue et efficace permettant des corrections et des améliorations systématiques. Chaque politique adoptée fait ressortir des objectifs selon des modalités différentes. Les stratégies sont des outils qui permettent d’atteindre un ou plusieurs objectifs. Ainsi, l’intérêt pour une nation est surtout d’atteindre les objectifs fixés, et pas seulement de mettre en place des stratégies. En effet, plus ces dernières sont réussies, plus une nation s’orientera vers l’émergence et le développement.
Les politiques et stratégies, basées sur l’intelligence, sont capables de créer une synergie entre la surveillance de l’environnement externe de l’organisation et celle des changements internes actifs. Cela faciliterait la mise en œuvre d’approches appropriées pour permettre à l’organisation de viser continuellement des décisions pertinentes. Les politiques et stratégies intelligentes reposent sur trois axes fondamentaux.
• Le premier axe est le management, qui consiste principalement en la mise en œuvre de moyens humains et matériels permettant au manager de mieux se connaître, de mieux manager ses collaborateurs, de désigner les responsables et de définir les procédures de gestion. Les outils du management, qu’il s’agisse d’un management d’équipe ou d’un management d’entreprise, visent à faire atteindre les objectifs fixés et à assurer une conduite saine vers l’efficacité. Négliger ces moyens conduirait systématiquement à s’écarter de l’efficience et de l’efficacité. Peter Drucker, dans ses nombreux ouvrages, a souvent mesuré le bon management à ses bonnes décisions, que ce soit à long terme (management stratégique) ou à court terme (management opérationnel).
Par conséquent, les mauvaises décisions dégradent la qualité du management. Selon l’auteur, les seuls facteurs qui font progresser une entreprise sont les ressources humaines, à travers leur capacité d’innovation et la façon dont elles organisent leurs relations de travail. L’une des règles de base du management, selon Peter Drucker, est de trouver un équilibre entre la stratégie à long terme et la performance à court terme. Un bon travail du management et une orientation vers une organisation intelligente et structurée assureraient l’efficacité et, par conséquent, amélioreraient les performances.
• Le second axe est la gestion de l’évolution, dont l’efficacité permet de rester compétitif, notamment face à la mondialisation et à ses nouvelles relations économiques internationales. Ainsi, afin d’éviter de subir l’évolution, un suivi adéquat, à travers une gestion efficace, se prescrit. Cette gestion passe tout d’abord par une veille stratégique efficace, avec la mise à disposition d’outils de veille, puis par des procédures permettant des réactions adéquates aux résultats de cette veille, avec la mise en place d’indicateurs clés de performance pertinents permettant de mesurer les actions, et enfin, un plan d’actions préventives, correctives ou d’amélioration.
• Le troisième axe a trait à la bonne gouvernance, laquelle émerge souvent de l’analyse des problématiques, mais qui ne peut subsister sans ses instruments de base tels que la transparence, la vérité, le respect de l’environnement, l’intégrité, l’équité et l’équilibre.
Mais avant d’espérer rendre les stratégies intelligentes, il faut d’abord en maîtriser quatre composantes essentielles, qui sont la décision, les objectifs, le pouvoir et l’analyse des résultats. Les stratégies intelligentes présentent plusieurs avantages, à savoir une maîtrise des outils de la performance, une mise à disposition systématique d’un moyen de mesure instantané de toute démarche entreprise, une création de dynamisme, de transparence et d’interactivité entre les managers et les collaborateurs, rendant favorables l’efficacité et la bonne performance. Les stratégies intelligentes permettent le respect des règles de management, de gouvernance et d’investissement, et également une maîtrise des composantes liées à la performance et la compétitivité, sans oublier leur contribution à l’atteinte des objectifs fixés.
Pour conclure, le Covid-19 est rapidement passé d’une menace à une crise sanitaire et à une pandémie, l’espoir est que cette épidémie devienne une opportunité qui nous permettrait de revoir les priorités. Cette révision des priorités et, par conséquent, des objectifs soutiendrait largement la mise en place de ce Nouveau modèle de développement, qui déclencherait une maîtrise des décisions et du pouvoir, une transformation digitale efficace et appropriée, une intelligence étendue motivant l’ensemble des acteurs à interagir dans un esprit de confiance et de transparence et, surtout, un bon management des compétences et des ressources, à même de créer un environnement favorisant l’innovation, les initiatives et le travail collectif.