S’attaquer aux fonctionnaires fantômes, un «mal» nécessaire
Alors que la question relative aux moyens de diversifier les mannes financières porteuses pour les caisses de l’État est actuellement posée, la maire de Rabat a réveillé les démons d’un sujet on ne peut plus épineux.
En fin de semaine dernière, la responsable locale a annoncé son intention de «partir en croisade» contre les fonctionnaires fantômes que compte le territoire de son ressort. Ils ne seraient pas moins de 2.400 prétendus fonctionnaires à recevoir des rémunérations pour services… non rendus, et ce, dans les cinq arrondissements de la capitale.
Et pour des fantômes, ils semblent en être vraiment, puisque les concernés n’auraient donné aucune suite, à ce jour, aux multiples relances les appelant à rejoindre leurs postes d’affectation. 2.400 personnes, c’est autant de salaires et d’avantages sociaux indûment octroyés, au détriment du Trésor et du contribuable, et aux dépens de la qualité du service public.
Une lourde facture, donc, que le président de l’Instance nationale de protection des biens publics a quantifié à 129,6 millions de DH par an, sur la seule base d’un salaire mensuel de 4.000 DH. Rien que cela ! Que dire alors si l’on extrapolait ce chiffre aux douze régions du pays et à ses 75 préfectures et provinces ? Effarant, non ?
Voici donc une piste toute trouvée pour piocher du cash, ou du moins de la ressource humaine en vue d’accompagner le méga-chantier de la réforme de l’administration publique. Certes, s’attaquer à cette espèce dénommée «fonctionnaires fantômes» revient à mettre le pied dans une véritable fourmilière, mais le mal est nécessaire et une éradication du fléau plus que cruciale. Car on parle là de millions et de millions de dirhams servis en dehors de toute logique et en totale contradiction avec le sacro-saint principe de bonne gouvernance.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO