Question pour un champion
Le Conseil national du PJD n’aura finalement apporté aucun élément nouveau quant à la formation du gouvernement. Au terme de plusieurs heures de débats, la formation de Abdelilah Benkirane s’est contentée d’un communiqué fleuve dans lequel se noie un historique connu de tous mais, sans le moindre indice sur l’issue de la crise politique au Maroc. On y lit que certains perdants aux élections mettent des bâtons dans les roues de Benkirane en voulant imposer leurs alliés. Au passage, ledit communiqué tire à boulets rouges sur Driss Lachgar et l’USFP. Il y a quelques semaines d’ailleurs, les Inspirations ÉCO titrait «L’UC in, l’USFP out». Aujourd’hui encore, on en est toujours à cette phase. Benkirane dit lâcher du lest en acceptant un ou deux postes ministériels pour la formation de Mohamed Sajid mais il brandit un veto catégorique face à Lachgar. Pour le leader du parti de la lampe, c’est une affaire d’ego. Pour Aziz Akhannouch (RNI), c’est une question de parole. Et l’intérêt de la Nation, dans tout ça? C’est une «question pour un champion». Tous invoquent «cet intérêt», sans pour autant fournir le moindre effort pour l’honorer. Certains observateurs estiment à ce titre que les deux hommes doivent trouver un juste milieu : l’un ayant laissé tomber l’Istiqlal, l’autre doit faire de même avec l’USFP. Après cinq mois de blocage et une facture lourde de plusieurs milliards, on en ressortirait in fine avec un gouvernement, mais qui présenterait les mêmes discordances décriées au départ des tractations. Les partis politiques et l’État devront parier sur le temps pour faire oublier aux électeurs ce chapitre digne d’une telenovela de mauvaise qualité et aggraver le désintérêt de la chose politique.