Question existentielle !
La Cour des comptes vient de publier son rapport d’audit, portant sur l’utilisation des fonds de subvention de l’État réservés aux partis politiques. De facto, l’on constate que 93% des fonds distribués ont été utilisés à bon escient, ce qui est en soi un bon score. Deuxième satisfecit tiré de cet exercice: les grandes formations politiques s’appliquent, quant aux règles en la matière, et la majorité des constatations des auditeurs de Jettou concernent de petits partis dont les structures administratives sont approximatives. Mais au-delà des chiffres et des constats, il faudrait plonger dans le fin fond de cette logique de subvention. Est-elle réellement nécessaire? Les critères d’octroi sont-ils équitables? Y a-t-il un cahier des charges qui engage les partis à s’acquitter de leur mission continuellement ? Car sur les 36 partis qui existent aujourd’hui au Maroc, force est de constater que seule une dizaine est dynamique. Les deux tiers des formations politiques peuvent être assimilés à des boutiques électorales que l’on ne voit que sporadiquement à quelques semaines des grandes échéances. Il faut reconnaître que la responsabilité de l’État est aussi engagée pour avoir été passif face à ce genre de pratiques où la politique est assimilée, par certains, à un opportunisme aussi flagrant que scandaleux. C’est pourquoi, si les conclusions du rapport de Jettou confortent globalement les partis dans la transparence de leur gouvernance, l’acte politique risque d’être biaisé par des partis sans identité, et encore moins dotés d’objectifs ou de finalité.