Opportunisme légitime
La diplomatie marocaine entame une rentrée placée sous le signe de l’audace, avec un virage intéressant côté intérêts économiques. L’on sait que, au niveau mondial, la diplomatie revêt de plus en plus un caractère économique puisque les intérêts des États priment souvent sur les aspects politiques stricto sensu.
Ainsi, la tenue du premier séminaire dédié aux conseillers économiques (CE) des ambassades du Maroc témoigne de cette intention de faire bouger les représentations diplomatiques, souvent accusées de paresse. Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, était d’ailleurs très clair, exhortant les conseillers économiques à être opportunistes, chose qui fait partie de l’ADN même d’un bon commercial. «N’attendez pas que l’investisseur vienne vous voir dans votre bureau, à l’ambassade, car un conseiller économique plus offensif et proactif le cueillera en chemin», disait Bourita.
Le sens de cette phrase est clair puisque la majorité de nos CE -pas tous- ne vont pas sur le terrain, laissant le champ libre à nos concurrents. Nous ne sommes pas seuls, côté business, quand il s’agit de dénicher des opportunités d’investissement de nos hommes d’affaires ou de drainer des IDE vers le pays. La concurrence est même rude. Il faut aussi penser à leur donner les moyens d’agir avec rapidité et efficacité, notamment quand il s’agit de faire du business dans des délais courts. Et puis, il y a lieu d’établir une liste des documents à mettre à la disposition d’éventuels investisseurs avec un maximum de détails sur les secteurs porteurs et les opportunités d’avenir. Un ami d’enfance, diplomate en Europe, m’avait confié qu’il se sentait gêné quand un investisseur lui demandait des documents sur le Maroc. Il n’y a pratiquement rien! Vivement donc cette prise de conscience.