Ni prédation, ni leadership
Le Maroc rattrape le temps perdu en Afrique. 32 années d’absence des instances décisionnelles ont certes laissé des traces. Mais le Maroc n’a pas croisé les bras : il prépare ce retour depuis une quinzaine d’années au moins. Un retour qui se fait avec de la patience et de l’intelligence. L’intelligence des actes et du verbe. C’est pourquoi le souverain a souvent insisté sur le partage d’expériences, sur le principe du gagnant-gagnant et surtout en dénonçant toute velléité de domination, de prédation ou de leadership.
Avec cet esprit, le Maroc réussit même à pénétrer dans des pays traditionnellement hostiles à notre cause. L’Éthiopie et le Nigeria, par exemple, sont de grands pays avec lesquels on ne peut faire valoir aucune prétention de leadership, sinon c’est perdu d’avance. Je me rappelle, lors du sommet de l’UA en janvier 2017, qui a marqué le retour du Maroc, qu’un délégué éthiopien me racontait avec fierté l’admiration des responsables gouvernementaux de son pays quant au professionnalisme des équipes marocaines qui travaillent en joint-venture avec leurs homologues éthiopiens sur le projet d’usine d’engrais au centre-nord du pays. «Ils font preuve de beaucoup d’humilité et leur valeur ajoutée est indéniable», ajoute-il.
C’est aussi l’avis d’un grand banquier marocain qui répète souvent que la clé du succès panafricain réside dans la modestie et le partage. Le discours de leadership ou encore de prédation que d’aucuns avancent pour entraver l’adhésion du Maroc à la CEDAO est d’un autre âge. Le Maroc a fait le choix de la coopération Sud-Sud et privilégie le partage. Le reste n’est que bavardage inutile.