Monopole de la puissance
Le monde va si vite que seuls ceux qui sauront profiter du facteur temps pourront surmonter les contraintes «nouvelle génération». Dans ce contexte, des pays récemment qualifiés d’émergents deviennent acteurs majeurs de la scène mondiale. L’Inde, la Chine, le Brésil ou encore la Corée du Sud ont réussi à forger leurs économies en devenant des exportateurs incontournables vers les marchés occidentaux sans que ceux-ci en soient les principaux marchés d’import. C’est pourquoi Pascal Boniface, directeur de l’IRES, dit clairement que «les Occidentaux doivent comprendre qu’ils ont perdu le monopole de la puissance». Or, plus ils mettent de temps à réaliser cela, plus ils perdent du terrain puisque les règles de jeu ont changé. En Afrique, par exemple, la domination de la France n’est plus qu’un lointain souvenir, car en dehors du géant pétrolier, Total, aucun groupe français ne domine son secteur sur le continent. Progressivement -et modestement- Rabat prend le relais de Paris en Afrique en investissant en force des secteurs stratégiques, tels que les télécoms, les banques, le transport, les engrais, les mines, l’immobilier, etc. La politique des Champions nationaux, en dépit de certains effets pervers en interne, a donné ses fruits en Afrique où des groupes marocains réalisent jusqu’à un tiers du chiffre d’affaires avec des marges indéniables de progression. La clé de réussite du Maroc réside dans le fait de prôner le partage et non le monopole, et c’est là toute la différence. Le Maroc est donc sur la bonne voie, pourvu que l’on reste vigilant quant aux facteurs temps et travail.