Médailles ratées
Il s’appelle Ilias Fifa, simple immigré marocain arrivé clandestinement en Espagne dans la soute d’un camion il y a quelques années. Ce week-end, il a été sacré champion d’Europe d’athlétisme au 5.000 mètres, et ceci sous les couleurs espagnoles ! À quelques jours de la grand-messe des Jeux olympiques, pour lesquels les prévisions marocaines ne tablent que sur une médaille de bronze dans le meilleur des cas, on est en droit de se poser la question suivante : comment notre pays se paye-t-il le luxe de laisser ainsi filer ses joyaux sportifs ? L’on se demande aussi ce que fait le comité olympique, rattrapé par la vieillesse et la monotonie, et se questionne sur son statut ? Dois-je aussi rappeler que le médaillé d’argent qui a talonné Ilyas était un autre Marocain naturalisé espagnol, Adel Mechaal, ayant lui aussi débarqué en Espagne dans les mêmes conditions que son compatriote ? À Rio, la médaille d’or se jouera à coup sûr entre ces «ex-Marocains» et les Kenyans, avec ce sentiment de gâchis qui nous restera tous en travers de la gorge, car une consécration sportive de haut niveau relève aujourd’hui de l’image pays et constitue une inestimable valorisation du capital immatériel. Rappelons que Fifa et Mechaal, après avoir été repêchés par le FC Barcelone qui les a accueillis au sein de son centre de formation, ont été invités par la Fédération royale marocaine d’athlétisme à rejoindre la sélection marocaine en 2013. Il était trop tard, comme à chaque fois d’ailleurs. Et cela confirme l’absence de vision et l’immobilisme des instances suprêmes du sport national.