Les fruits du labeur
Les textiliens marocains sont remontés contre les Turcs. Ils crient au dumping et osent espérer un soutien, pour ne pas dire une protection de la part des pouvoirs publics marocains. Mais cette concurrence qu’ils qualifient, à tort ou à raison, de déloyale mérite une analyse approfondie. Un exercice auquel se prêtera certainement le ministère de tutelle avant de trancher. Maintenant, il y a lieu de revenir une décennie en arrière seulement pour brosser le tableau et mieux comprendre les faits, aujourd’hui. C’est que les Turcs ont bien travaillé sur le facteur compétitivité pour doper leurs exportations, suivant presque à la lettre le modèle coréen, quand la majorité des industriels marocains avait abandonné l’industrie, notamment du textile, au profit des placements dans l’immobilier, alors en plein boom. Mais avec la crise de l’immobilier, le retour à l’industrie s’avère plus compliqué qu’on le pensait, car, entre-temps, d’autres intervenants ont occupé le terrain chez nos clients traditionnels; pire encore, ils ont même mis le pied chez nous, reléguant nos produits au second rang. C’est pourquoi, au lieu de se lamenter sur son sort, il faudrait améliorer les indicateurs de compétitivité. Les écosystèmes mis en place par le gouvernement sont une solution, mais pas l’unique issue à la crise. Si les textiliens n’investissent pas davantage dans leur secteur -notamment dans les nouvelles technologies- et ne réduisent les facteurs de production, le fossé risque de se creuser et la crise de s’aggraver. Les Turcs ont fait leurs preuves -en grande partie- par seul facteur du travail. Il va falloir leur emboîter le pas sur ce terrain.