Le serment de Jouahri
Abdellatif jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, a bien fait de tirer les choses au clair s’agissant du fameux mémorandum adressé au gouvernement. Devant un parterre de journalistes, il a juré qu’il n’avait aucun mobile politique dans cette action et qu’il ne s’est pas rendu compte du timing électoral promettant de prendre cette donne en considération à l’avenir. Une précision venue au bon moment pour garder cette institution en dehors des jeux politiques, voire politiciens, en tant que garante de la politique monétaire. Jouahri a choisi une formule intelligente pour se désolidariser de l’action politique de la CGEM, en disant que «si le patronat est représenté dans le Parlement et s’il invite les partis politiques pour débattre de son programme économique électoral, cela le regarde». Sur un plan technique, il a réitéré son inquiétude quant à la baisse des encours de crédits qualifiant ce fait, le seul élément qui l’a guidé à émettre le mémorandum. Jouahri a tiré plus vite que son ombre en s’adressant au gouvernement sur un ton accusateur et non de celui qui émettrait un souhait de comprendre. C’est peut-être là où il s’est fait piéger. Il aurait gagné à lancer la réflexion dans un cadre purement technique en y associant indirectement le gouvernement via le ministère de l’Économie et des finances. Il l’aura appris à ses dépens après le tournant qu’a pris ce dossier, loin d’avoir pris fin. Il faut attendre la réponse du gouvernement, en cours d’élaboration, pour recadrer le débat et tirer les enseignements avant de clore cette affaire qui ne devrait pas en être une. En attendant, beaucoup de choses restent à faire en matière de politique monétaire pour réorienter la politique des crédits prônée par les banques. Le seul indice du taux directeur a montré ses limites.