Le scandale de trop
La folie des grandeurs n’a plus de limite dans un Maroc où des établissements publics se permettent l’impensable. Ainsi, notre confrère «Assabah» nous apprend qu’un faussaire d’œuvres d’arts notamment de tableaux de peintres marocains et étrangers de renom a arnaqué plusieurs établissements publics. Il y a deux pistes d’analyse dans cette affaire. Comment les managers d’un établissement public qui gère des deniers publics peuvent-il recourir à une telle acquisition ? Quel est le rôle du conseil d’administration où siègent des ministres ? Que fait la Cour des comptes qui dépense beaucoup d’énergie à auditer de petites communes qui gèrent des miettes ? Tout en lisant ces interrogations, vous vous êtes sûrement fait une idée des réponses. Tout cela a été possible grâce à l’opacité et surtout à l’impunité. L’article de nos confrères évoque des montants ahurissants qui se chiffrent par milliards, ce qui est à la limite de la provocation pour un pays qui ne cesse de s’endetter.
Maintenant, l’autre piste d’analyse, c’est comment on «investit» de tels montants sans la mise en place de garde-fous nécessaires pour sécuriser la «transaction» et quels sont les critères de choix des fournisseurs ? Cette affaire n’est pas anodine car elle surgit à un moment où le pays est confronté à des difficultés majeures et où la rationalisation des dépenses est plus que jamais indispensable. Or, l’éthique voudrait qu’on fasse preuve d’humilité dans le train de vie de nos établissements publics comme dans nos ministères. Faut-il rappeler que le Maroc continue d’attendre des aides de pays du Golfe et de l’Europe pour arrondir son budget ? Dans l’attente d’une enquête transparente et efficace dans cette affaire qui frise le scandale, l’opinion publique n’a pas besoin d’autres traumatismes dans cette conjoncture de la ceinture serrée.