Le diktat du trésorier-payeur
Une entreprise forte pour un Maroc gagnant. Voilà, tout est dit car c’est désormais l’entreprise qui crée de l’emploi et des richesses, non plus l’État. Cela a été palpable dans tous les récents discours et cela a été le slogan de la première édition de l’Université d’été de la CGEM.
En chiffres, le Maroc a besoin d’environ un demi-million de postes de travail chaque année, or le secteur public ne peut en créer que 30.000 maximum, selon le Budget de l’État. Quid, alors, de la différence ? C’est l’entreprise privée qui est appelée à la combler. Encore faut-il qu’il y ait un marché et un climat des affaires à même de mener le business dans des conditions normales. Et ce n’est pas gagné d’avance, vu la multitude de contraintes auxquelles l’entrepreneur est confrontée au quotidien. Et là, tous les discours d’assurance ne peuvent permettre à une entreprise de payer ses salariés et ses fournisseurs si ses grands comptes – très souvent des établissements publics – sont de mauvais payeurs !
Prenons l’exemple des délais de paiement qui plombent le climat des affaires. C’est une problématique qui a fait l’objet de centaines de réunions, de lois, engendré la création d’un observatoire et même suscité le coup de gueule du ministre des Finances…mais qui demeure d’actualité. Et ne soyez pas surpris de découvrir que tout ce dispositif, à l’échelle de l’État, tombe souvent à l’eau à cause du diktat d’un trésorier-payeur dépendant pourtant du ministère des Finances, qui n’a pas la fibre du business. C’est le profil d’un administratif censé contrôler une procédure d’achat. Il se trouve qu’il s’immisce dans des détails qui ne relèvent nullement de ses compétences et bloque parfois les règlements en dépit de la signature qui engage de hauts responsables comme les présidents des conseils régionaux. Ainsi en croyant verrouiller les dépenses publiques, on a créé des dinosaures qui disloquent tout un système alors que personne n’y prêtait attention. Bravo !