Le défi de Louardi
El Haussaine Louardi, ministre de la Santé, avait bâti son premier mandat sur la baisse des prix des médicaments et le lancement des génériques. Il a été confronté à un fort lobbying et a, pourtant, réussi à faire passer ses décisions grâce à un soutien indéfectible de Abdelilah Benkirane, ancien chef de gouvernement.
Aujourd’hui, les pharmaciens resserrent les rangs et montent au créneau en demandant au gouvernement d’augmenter les prix des médicaments. Autant dire que cela est synonyme d’un grand bond en arrière et d’une rupture avec les décisions du cabinet Benkirane. Or, Saâdeddine El Othmani a toujours défendu – à raison – ses choix de continuité, notamment relatifs aux grands dossiers. C’est pourquoi il paraît improbable que le gouvernement se laisse intimider par le lobby des pharmaciens, qui sont dans leur rôle de défense de leur business. Ceci étant, il faut rappeler que le Maroc présente la tarification la plus élevée dans la zone MENA, et même par rapport à des pays occidentaux, prenant en compte le ratio PIB individuel/prix du médicament.
El Othmani, en bon communicateur, a bien voulu recevoir les pharmaciens avant de les renvoyer vers une commission mixte. Maintenant, pour être pragmatique, il faut associer les laboratoires afin de revoir la politique tarifaire de l’ensemble du processus, du fabricant au consommateur, pour aboutir à des solutions définitives conjuguant la défense du consommateur à celle des intérêts économiques, tant des pharmaciens que des laboratoires. Et c’est là que l’ingéniosité de Louardi est attendue, en vue d’une issue concertée et équitable.