La patate chaude
Le président de la Chambre des conseillers a décidé de traîner en justice quatre journalistes de différents supports pour un délit pour le moins hallucinant. L’on rappelle que lors de l’enquête menée par une commission parlementaire sur l’état financier de la Caisse marocaine de retraite (CMR), certains éléments d’informations ont été récupérés et publiés par quelques confrères.
Notre honorable deuxième chambre, au lieu d’informer les Marocains sur les conclusions de ladite enquête, aujourd’hui terminée, choisit la fuite en avant en s’attaquant aux médias. Les véritables questions ne tournent pas autour de qui et de comment on a publié les conclusions, mais bel et bien de qui a volé l’argent de la CMR et l’a ainsi mise à genoux. Abdelhakim Benchammach doit prendre son courage à deux mains et publier cette enquête car c’est de deniers publics qu’il s’agit. Et pourquoi ne pas remettre ce fameux rapport à la Cour des comptes qui fouille tout de nos jours ; elle pourra mieux éclairer notre lanterne ! À moins que la présidence de la Chambre des conseillers ait souhaité utiliser ce rapport à des fins – politiciennes – de règlement de comptes entre partisans et non par intérêt général, l’on n’arrive pas à comprendre cette attitude d’un autre âge qui, au lieu de voir la lune, fixe le doigt qui la pointe.
En tout cas, dans cette affaire, la corporation est unanime et condamne cette manie de vouloir bâillonner la presse en lui faisant peur en recourant, en violation des droits de l’homme, au Code pénal pour une affaire d’édition et de média et pour laquelle il n’y a point de préjudice. Dernier épisode, Benchammach essaye de se dédouaner de ce dossier en renvoyant la patate chaude à l’ancien ministre de la Justice !
