La grève de la discorde
Les syndicats décrètent une grève générale, mercredi prochain. En ont-ils le droit ? Dans l’absolu, la Constitution institutionnalise le droit à la grève et le défend même. C’est de bon augure dans un État de droit et en vue de mieux gérer le climat des affaires. Cependant, il n’y a point de grève générale dans la Constitution de par son caractère politique et non syndical. Or, les centrales syndicales savent pertinemment que ne compter que sur des grèves sectorielles ou encore par unité ou institution, s’avère limité en matière d’impact populaire et de retombées médiatiques. C’est pourquoi ces centrales se mettent à cinq, voire à six, pour essayer de rassembler un maximum de monde, et encore : ce n’est pas gagné d’avance. D’ailleurs – et c’est une première – outre la distribution de tracts dans l’espace public, ils ont eu recours à l’achat d’espaces publicitaires dans la presse. Mais au-delà du caractère politique que les syndicats veulent mettre en avant et la récupération, volontaire ou non, de la grève par l’opposition, ils gagneraient à se focaliser sur la loi sur la grève, qui n’arrive pas à sortir des tiroirs depuis une vingtaine d’années. C’est un véritable combat que mène, pratiquement seule, la CGEM, sans aucun appui de la part des syndicats qui, a contrario, prospèrent dans ce flou. Cette grève est aussi l’occasion, pour les syndicats, de procéder à une véritable remise en question. Lorsqu’une dizaine de centrales syndicales ne draine pas plus de trois cent mille adhérents, il y a bien des questions à se poser.