La grande évasion
Quand on a évoqué, il y a quelques semaines, le phénomène de Marocains voulant quitter le pays, on s’est basé sur l’étude d’un cabinet international que l’on peut accepter ou non. Mais sur le terrain, le constat est sans appel. Chaque jour, des dizaines de Marocains décident de mettre le cap sur l’Europe, même avec l’infime espoir d’y arriver sains et saufs. On risque ainsi ce qu’on a de plus cher, sa vie, pour l’éventualité d’un lendemain meilleur.
Ce n’est, certes, pas un phénomène nouveau -il existe depuis une vingtaine d’années- mais avec les réseaux sociaux, le phénomène prend énormément d’ampleur aujourd’hui et l’on a droit à des tentatives d’évasion en live, parfois assorties d’images choquantes. Les statistiques d’organisations mondiales font froid dans le dos et constituent une honte pour nos gouvernants. L’agence européenne Frontex, chargée du contrôle des frontières, avait mentionné, dans son rapport de l’année 2017, que 19% des immigrés clandestins vers l’Europe étaient Marocains.
De son côté, l’Organisation mondiale de l’immigration, affiliée à l’ONU, a affirmé dans son rapport de 2018 que plus de 6.000 Marocains ont atteint clandestinement les côtes espagnoles entre janvier et août, se plaçant ainsi en premier rang, loin devant les candidats subsahariens ! Que signifient ces statistiques, sinon un camouflet fait à toutes les politiques publiques et à tous les discours de circonstance? Le dernier en date est celui du porte-parole du gouvernement qui s’étonne des raisons de cette vague d’immigration. Scandaleux, tout simplement. Une réaction qui renvoie à un sérieux déphasage entre les préoccupations du peuple et les priorités des gouvernants. En attendant, même les cadres, et donc la classe moyenne, font leurs bagages ! Que se passe-t-il réellement ?
