L’ennemi des investissements
En dépit d’une production abondante de lois sur les délais de paiement, la situation ne s’améliore guère. Une loi en 2011, une autre en 2017, plus draconienne nous dit-on, mais qui manque toujours de décrets d’applications et des entreprises qui en souffrent jusqu’à l’agonie. Faut-il croire que le problème est définitivement réglé avec des lois ? Que nenni. C’est dans l’application que réside le calvaire, l’entreprise étant tiraillée entre sa survie financière et l’intérêt de la clientèle. Le diktat de certains clients, dont des établissements publics, va jusqu’à menacer le fournisseur de le bannir des marchés s’il insiste trop sur des délais de paiement corrects ; aujourd’hui, le secteur des BTP est en crise, crise assortie d’une trésorerie des entreprises du secteur sérieusement impactée puisque le délai moyen est de huit mois ! Le discours des 60 ou même des 90 jours relève d’une utopie à laquelle croient les rédacteurs de lois, confortablement installés dans leurs bureaux bien climatisés. Les TPE – et beaucoup de PME – ferment boutique les unes après les autres sans que cela n’inquiète personne ! Quel message transmet-on aux investisseurs, à qui on parle de réforme de CRI, de guichet unique, etc ? Vont-ils placer leur argent dans un environnement incertain où ils doivent gérer la trésorerie de leurs clients et confier la leur à leur banquier ? Non, un investisseur n’a pas (uniquement) besoin d’une jolie loi sur l’incitation aux investissements, il veut surtout opérer dans un cadre où la loi est effective et où la justice est justement là pour protéger leurs intérêts. Essayez de proposer à un investisseur d’être payé au-delà d’une année pour jauger sa réaction et en finir avec ces hallucinations !