L’émergence, une utopie ?
L’émergence économique à laquelle aspire le Maroc ne pourra se concrétiser sans deux préalables décisifs. Un système éducatif à revoir de fond en comble et un modèle économique à revisiter de façon draconienne. Autant dire que le Maroc ne pourra être classé comme pays émergent ni en 2020 ni même en 2025 car les réformes sus-indiquées nécessitent au moins une quinzaine d’années de mise en œuvre. Notre pays gagnerait ainsi à explorer les meilleures pratiques qui ont été payantes sous d’autres cieux. L’exemple de la Corée du Sud est édifiant. Voici un pays qui, en 1962, était l’État le plus pauvre au monde avec à peine 87 $ de revenu individuel/an, et qui est arrivé à passer au rang de la 13e puissance économique du monde, avec un PIB de 1.500 MM$ et dont le revenu individuel à atteint 26.248 $ en 2015. C’est un pays qui n’a aucune richesse naturelle mais qui a su faire du capital humain son cheval de Troie et de la valeur travail son mode opératoire. Cependant, cela n’a été possible que grâce à un système éducatif efficace, bien orienté et productif. Avec cette façon de faire, il ne lui a pas fallu plus qu’une douzaine d’années pour voir l’éclosion de mastodontes comme Samsung (1973). C’est pourquoi il ne faudrait pas se leurrer chez nous en jouant sur les termes et considérer, à tort, que le Maroc serait éminemment pays émergent. On n’improvise pas ce statut, on le bâtit à coup de pioche, on le construit depuis la base pour que l’émergence soit irrévocable. Or, l’économie de notre pays aujourd’hui est apparentée à une maison menaçant ruine sur laquelle on voudrait ajouter un autre étage !
