Iconoclaste…

La visite du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, à une école d’enseignement supérieur à Oujda a démontré, si besoin est, le malaise profond que vit la société marocaine en ce moment. Qu’on soit d’accord avec sa politique, sa manière de communiquer, son projet ou carrément sa façon d’être, ou qu’on ne soit pas du tout d’accord et qu’on rejette tout en bloc, ne donne aucunement quitus à réagir de la sorte, qu’on bafoue toutes les règles élémentaires du débat intellectuel pour lui substituer les huées, les sifflets, les obscénités et toute sorte d’artifices propres aux «Hayaha» des stades de football. D’aucuns me diraient que pareilles scènes ont été vécues lors du Salon français de l’agriculture, à l’occasion de la visite du chef d’état français, puis de son premier ministre quelques jours plus tard, ce qui légitimerait cette action dans un pays comme le nôtre en retard démocratique par rapport à la France.
Sauf que chez nous, ça s’est passé dans une arène universitaire, censée être milieu du savoir et de la pensée.
J’aurais bien aimé voir les étudiants profiter de ce moment de proximité avec le leader de la majorité actuelle, aussi décrié soit-il, pour lui opposer leur vision, le bloquer intellectuellement sur les carences de sa politique, donner les contre-arguments à son soi-disant entêtement dans cette polémique sur le recrutement des enseignants stagiaires. D’autant plus qu’il a eu le mérite et le courage de venir débattre alors que tous ses prédécesseurs ne l’avaient jamais fait pendant l’exercice de leur mandat. Hors de ce sujet, permettez-moi de pleurer rien qu’à l’idée que Baddou Zaki aurait, et j’espère toujours qu’il ne l’a pas encore fait, accepté un poste de coordinateur des équipes nationales, poste qui lui aurait été proposé pour acheter son silence. Mais je crois que je rêve seulement !!!
Iconoclaste un jour, iconoclaste toujours…