Iconoclaste…

Aujourd’hui j’ai 50 ans, et contrairement aux idées reçues depuis mon enfance, qui feraient que le rêve s’amoindrisse avec l’âge et qu’il devienne contraire à la raison, je ne me suis jamais senti enclin à rêver, pire encore, mes rêves deviennent de plus en plus nombreux et dessinés. Quand Martin Luther King prononce son discours célèbre en 1963 durant la marche pour l’emploi et la liberté : «I have a dream» (j’ai un rêve), personne ne s’attendait à ce que cela transperce tout le siècle.

Luther King rêvait d’un monde où ses enfants ne seraient plus jugés en fonction de leur faciès, mais de leur compétence. Moi mon rêve va aujourd’hui plus loin, je rêve d’un pays où mes enfants ne seraient tout simplement plus jugés ; ils vivront dans leurs cartes du monde en respectant les différentes cartes des autres, ça s’appelle, en d’autres termes, la tolérance et le droit à la différence. Je rêve de continuer à apprendre, car je me suis rendu compte, à mon grand dépit, que ce qui reste à apprendre est nettement supérieur au peu que j’ai eu la chance d’apprendre. Je rêve d’un Maroc où l’arithmétique électorale laisserait place au débat des idées.

Je rêve d’un Maroc où le clientélisme laisserait place à la méritocratie. Je rêve d’un Maroc où l’esprit prendrait la place de la violence. Je rêve tout simplement d’une justice indépendante, d’un enseignement garanti pour tous, d’une santé publique possible, en bref, d’une collectivité au service de l’individu et vice-versa.

Et puisque je suis musulman de confession, et à l’image de Luther King qui avait rêvé d’une vie paisible entre catholiques et protestants au sein de l’église américaine, moi, je rêve d’un islam où enfin, les sunnites, salafistes, takfiristes ou jihadistes puissent vivre en symbiose totale avec les chiites, les soufis et toute forme libre de pratiquer son culte, ou pas, en toute liberté. Mon rêve est-il une utopie ? Peut-être pas !!
Iconoclaste un jour, Iconoclaste toujours…