Iconoclaste…
La plupart des gens ne comprennent pas les scènes de violence qu’ils voient, malheureusement assez souvent, dans les stades de football, et je le conçois, sauf que nous nous trouvons, malheureusement, habitués à ce genre de scènes, depuis un certain moment, et nous nous sommes accommodés à estimer que le football est l’arène des ratés sociaux, des oisifs intellectuels, des adolescents à la recherche de sensations, etc…, et on a fini pour s’en convaincre.
Ce qu’a vécu le conseil de Rabat, capitale du royaume du Maroc, en passant, vendredi dernier ne pourrait, en aucun cas, trouver des explications aussi superficielles en attendant que le buzz passe, et que les gens oublient, et puis rebelote…
À Rabat, on a eu droit à une bataille rangée entre les représentants du parti aux commandes du gouvernement, et ceux de celui censé aujourd’hui être le mieux placé pour le remplacer. Qu’on sorte après pour imputer toutes les causes de cet incident à la santé mentale du maire qui toucherait une, soi-disant, pension d’invalidité, fait simplement rire. Le problème qui sévit avec acuité dans notre pays est notre incapacité à débattre, à se contredire par arguments, à accepter l’avis de l’autre et lui opposer un autre avis construit.
On n’a pas été préparé pour le débat, et quand on n’a pas les outils nécessaires, on passe fatalement au clash et donc à des scènes similaires à ce que le monde entier a vu vendredi à Rabat. On construit la démocratie au Maroc autour des élections dans leur aspect purement arithmétique, sans se soucier des idées, sans adhérer à un projet et donc sans forcément réfléchir. Le seul souci reste la capacité à créer des alliances comptables en vue de jouir d’un poste d’élu quelque part. Nous ne récoltons que ce que nous avons semé.
L’installation de la démocratie nécessite l’éducation, et cette dernière nécessite du temps. Et il faudrait laisser du temps au temps, comme dit Rocard.
Iconoclaste un jour, Iconoclaste toujours.
Oussama Benabdallah,
Enfant de la télé
o.benabdellah@leseco.ma
