Opinions

Gouvernance : la résilience territoriale, une nouvelle donne au service de la performance publique

Par Mohammed El Kettani
Expert international en stratégie, durabilité et innovation

Notre planète est confrontée à une succession de crises brutales qui appellent à réinventer les modes de gestion publique et à bâtir une symbiose territoriale systémique. Factuellement, les stratégies de résilience constituent une véritable arme pour composer avec cette nouvelle normalité. Ces changements de paradigme gagnent en intensité depuis un certain nombre d’années, et contribuent en conséquence à reconfigurer le métier du management territorial, qui exige dorénavant des compétences pointues.

Clairement, il s’agit d’une approche dynamique qui fait référence aux capacités évaluables des systèmes à atténuer les effets des grands chocs, d’apporter des réponses immédiates et adaptées aux différentes situations complexes, tout en se projetant positivement vers l’avenir pour construire un véritable plan de développement durable pluridimensionnel et parfaitement articulé, en mesure d’anticiper les catastrophes perturbatrices. De même, il apparaît fondamental d’intervenir en mode intégré entre les différents protagonistes qui opèrent sur un territoire et de privilégier la planification inclusive nourrie par des données fiables et fondée sur des preuves tangibles.

Réinventer sa gouvernance
Il est également décisif de renouveler les moyens de gouvernance via le renforcement de l’engagement communautaire, la valorisation du capital social et l’instauration d’une ligne budgétaire dédiée à la politique de résilience pouvant garantir le financement pérenne des infrastructures essentielles. Dans l’objectif de booster continuellement les politiques de résilience territoriale, il est très important de nouer des partenariats constructifs avec les acteurs mondiaux agissant dans ce domaine, en faveur d’une convergence d’expertises à l’instar de la Banque mondiale, l’OCDE, l’UCLG.

En réponse aux exigences montantes en matière de gestion territoriale, le nouveau cadre d’action de Sendai adopté par les Nations Unies, fixant des objectifs mesurables en termes de réduction des risques engendrés par les catastrophes, et impliquant la modélisation d’indicateurs de performance pertinents, peut apporter un appui technique et organisationnel pour les gouvernements locaux en recherche de solutions de pointe pour faire face aux déstabilisations majeures. Le progrès de l’action est conditionné à l’investissement des dirigeants territoriaux dans la formation et l’émergence d’outils pleinement insérables aux spécificités de chaque territoire, qu’il soit rural ou urbain. Cette dynamique peut prendre la forme d’une cellule de résilience dans chaque territoire, épaulée par des missions locales qui mettent le paquet sur l’innovation ouverte et l’intelligence collective.

Prévoir, s’adapter, transformer
Notons que le pilotage institutionnel et opérationnel du séisme d’Al Haouz a révélé au monde entier l’aptitude du Maroc à prendre les difficultés à bras le corps et à lutter de manière coordonnée contre une crise d’une violence inouïe qui a secoué une grande partie du pays. Cependant, cet évènement malheureux est l’occasion de prendre du recul, d’élever davantage le niveau d’exigences et de moderniser les différents circuits d’intervention.

Ces améliorations peuvent se traduire par l’élaboration de plan de résilience urbaine et rurale conforme aux standards internationaux, une meilleure intégration des populations particulièrement vulnérables à la gestion quotidienne de leur territoire, une analyse collaborative par scénario des interdépendances des services et un usage renforcé des techniques prédictives pour comprendre l’état des actifs existants et identifier les lacunes environnementales, en collaboration avec les instituts spécialisés, le monde universitaire, le tissu associatif, les technologues et les chercheurs chevronnés. Tout en internationalisant la coopération avec les pays les plus expérimentés, le Maroc devrait développer des exercices de simulation par territoire afin d’embarquer les populations locales dans les plans d’urgence à adopter en cas de survenance d’une catastrophe. Prévoir, s’adapter et transformer sont les maîtres-mots d’une politique de résilience robuste orientée par les changements climatiques et basée sur l’ingéniosité des acteurs du territoire, qui constituent la plus grande force pour apporter des solutions pragmatiques.



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