Edito. Vulnérable aujourd’hui, pauvre demain

Trois millions de Marocains vivent aujourd’hui dans une zone grise, quelque part entre la stabilité et la précarité. Ils ne sont pas catégorisés comme «pauvres», selon les critères du Haut-Commissariat au Plan. Et, pourtant, cette vulnérabilité peut rapidement chavirer vers la pauvreté.
Il faut dire que la pauvreté n’est souvent pas une métamorphose subite, elle peut être sournoise, lente, et s’installer petit à petit, jusqu’à éteindre les dernières braises d’espoir. Le HCP souligne qu’en dépit des progrès indéniables en matière de réduction de la pauvreté multidimensionnelle – divisée par deux en dix ans –, il reste une masse critique exposée, dont 82% vit en milieu rural.
Pour cette population, la pauvreté n’est jamais très loin. Elle rôde, guette l’accident de santé, la récolte perdue, l’emploi interrompu. Certes, l’essence même des politiques publiques est d’extraire les populations aux griffes de la pauvreté.
Cependant, un autre défi tout aussi crucial consiste à apprendre comment les y empêcher d’entrer. Cela suppose de revoir nos priorités : cessons d’investir dans l’urgence. Investissons dans la prévention. Une croissance inclusive n’est pas une formule de rapport, c’est bien plus que cela. Un impératif national ! Car là où la vulnérabilité s’enracine, la pauvreté revient toujours.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO