Edito. Surmonter le tabou de l’argent
C’est un signal fort qu’a lancé Fouzi Lekjaa lors de sa rencontre avec la CGEM. Dans un extrait vidéo qui est (presque) passé inaperçu, le ministre délégué chargé du Budget a dit tout haut ce que beaucoup pointaient du doigt : il existe un réel décalage entre les performances de l’indice Masi et l’économie réelle.
Malgré les perspectives prometteuses liées au Mondial 2030, les introductions en bourse restent limitées. Fouzi Lekjaa a ainsi laisser entendre qu’il fallait un cadre incitatif respectant transparence et gouvernance, tout en excluant toute amnistie fiscale. Force est de constater que les entreprises, notamment familiales, sont réticentes face aux exigences de cotation : perte de contrôle, transparence accrue et coûts élevés. La domination des secteurs banques, immobilier et télécoms limite aussi l’attrait du marché.
Pour y remédier, il est crucial d’adapter la fiscalité aux PME, d’assouplir les critères d’accès et de sensibiliser les entrepreneurs aux avantages stratégiques de la cotation.
Les investisseurs en private equity, essentiels pour la liquidité, pourraient jouer un rôle clé. Atteindre l’objectif de 300 entreprises cotées d’ici 2035, tel que recommandé par le Nouveau modèle de développement, nécessite un véritable changement de paradigme pour passer d’une seule à 20 IPO par an. Faisable ? Pourquoi pas, puisque l’Arabie Saoudite en a fait 80 en 2024. Pour cela, au-delà du discours de Lekjaa, il faudra une réelle volonté politique.
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO