Edito. Scénario hollywoodien

Le célèbre tabloïd britannique The Sun a encore frappé. Cette fois, la cible s’appelle Anas Sefrioui, businessman marocain emblématique, magnat de l’immobilier et figure respectée de l’économie du continent africain.
Selon The Sun, il était sur le point de racheter le club anglais Sheffield Wednesday. Sauf que l’intéressé a aussitôt éteint l’incendie. Le démenti est cinglant : «Aucune discussion, négociation ni intention d’investissement n’a été engagée par Monsieur Sefrioui, directement ou indirectement, dans ce club ou dans tout autre club de football». Clair, net et sans hors-jeu.
Dans le cas de Sheffield Wednesday, le scénario est hollywoodien. Un club mythique, fondé en 1867, qui a connu des heures glorieuses mais qui végète aujourd’hui dans le ventre mou de la seconde division. L’occasion idéale pour une opération de redressement glamour. The Sun affirme même qu’Anas Sefrioui aurait mandaté un cabinet juridique pour tâter le terrain ! Un détail croustillant, qui confère à l’histoire un semblant de crédibilité.
Ce qui rend cette rumeur trop surprenante, c’est qu’elle ne colle en rien au profil d’Anas Sefrioui. Le président d’Addoha est connu pour ses investissements stratégiques dans l’immobilier. Il n’a jamais montré le moindre intérêt pour les clubs, ni comme mécène, ni comme gestionnaire. Et contrairement à d’autres milliardaires qui cherchent une vitrine internationale à travers le football, Sefrioui a toujours misé sur la discrétion. S’il a bâti des immeubles, il n’a jamais cherché à bâtir de stade.
Cette affaire en dit beaucoup sur notre époque : nous vivons dans un monde où l’obsession pour le football fonctionne comme une caisse de résonance planétaire : associez le nom d’un club anglais historique à celui d’un milliardaire, ajoutez une pincée de mystère, et vous obtenez un article qui fera le tour du monde en quelques heures.
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO