Edito. Reprise sous surveillance

C’est un signal de reprise dans un environnement mondial incertain. Le moteur de l’économie nationale semble retrouver un nouveau souffle. À en croire les derniers chiffres du HCP, l’activité économique s’est accrue de 4,2% au premier trimestre 2025, portée par les services, l’extractif, la construction mais surtout la consommation des ménages.
Dopée par les hausses de salaires et les baisses d’impôts, la demande intérieure confirme une nouvelle fois son rôle de pilier de la croissance. C’est la preuve que la reprise est tirée par le socle domestique, indépendamment des vents contraires provenant de l’extérieur.
La politique monétaire accommodante de Bank Al-Maghrib, induite par la baisse du taux directeur pour le troisième trimestre consécutif, n’a fait que renforcer ce sentiment, réinjectant de la confiance dans les circuits économiques.
Pas étonnant que la bourse performe comme elle le fait actuellement, illustrant l’alignement entre les anticipations des marchés et les choix de politique économique. Mais ne nous y trompons pas, si les voyants sont au vert, des signaux inquiètent.
D’abord, l’inflation qui repart, modérément certes, mais de manière tangible. Il y a également les exportations, dont la faiblesse persistante continue de peser, soulignant notre vulnérabilité structurelle face à la conjoncture internationale.
Les tensions commerciales entre les grandes puissances, la volatilité des matières premières, les secousses industrielles en Europe… constituent autant de foyers d’instabilité susceptibles de contaminer l’équilibre fragile de notre économie. Si le cadrage macroéconomique actuel reste favorable, les marges de manœuvre ne sont pas illimitées.
L’effort de pilotage devra se poursuivre, en s’adaptant à des chocs potentiels qui, bien que différés, n’ont pas disparu. La vigilance reste donc de mise, car la trajectoire de croissance pourrait rapidement se retourner.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO