Edito. Partis sous perfusion

En démocratie, le financement public des partis politiques est souvent présenté comme un gage de transparence, de pluralisme et d’équité électorale. Mais l’on ne peut prendre connaissance des constats du dernier rapport de la Cour des comptes sur le sujet sans se poser une question clé : est-il vraiment productif de subventionner des formations politiques qui peinent à justifier l’usage de fonds publics – voire ne remplissent pas les conditions légales minimales pour en bénéficier ? Pour l’année 2023, la loi de Finances avait prévu 140 millions de dirhams de soutien aux partis politiques.
Pourtant, moins de la moitié de cette enveloppe – 60,38 MDH – a été effectivement versée. Seuls 17 partis sur 33 ont pu en bénéficier, les autres ayant échoué à répondre aux critères requis. Édifiant ! Plus encore, au sein même des partis, le rapport relève une chute de plus de 38% des ressources propres, notamment pour ce qui est des cotisations d’adhérents et des produits non courants. Cette baisse traduit un affaiblissement des bases militantes et de l’ancrage sociétal des formations politiques, désormais de plus en plus dépendantes de l’argent public pour continuer à fonctionner.
D’ailleurs, même en restant dépendants, certains partis respectent scrupuleusement les exigences comptables, quand d’autres accumulent les irrégularités. Plus de 21,96 MDH de subventions doivent encore être restitués au Trésor, faute de justification ou d’usage conforme. C’est à se demander s’il ne faudrait pas repenser intelligemment le mécanisme de financement public des partis, en adoptant des critères qualitatifs ? Le soutien de la démocratie est nécessaire, pour ne pas dire vital, mais la légitimité et la rigueur restent de mise.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO