Édito. Obstacles culturels
Le Maroc n’est pas encore totalement au fait du reporting extra-financier. Les entreprises marocaines sont, en effet, loin du compte par rapport à leurs homologues françaises ou, même, plus proches de nous, leurs voisines tunisiennes, en matière de rapport ESG puisqu’elles disposent, depuis 2021, d’un guide aligné sur les recommandations de la Fédération mondiale des bourses.
Force est de constater – et c’est la Commission des études fiscales et juridiques du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables de Casablanca qui le soutient -, que «le rapport ESG au Maroc présente encore des insuffisances comparé aux standards de reporting intégré adoptés en France», en particulier en termes de fiabilité, de méthodologie et d’harmonisation avec les standards internationaux. Si le cadre réglementaire en la matière existe bel et bien, on déplore une mise en œuvre pas totalement concluante.
Et pour cause, les obstacles sont nombreux. Ils sont d’abord d’ordre culturel, le tissu économique du Royaume étant dominé par des entreprises familiales. Celles-ci, dans la majorité des cas, n’ont cure des reportings extra-financiers tant elles baignent dans une culture traditionnelle de confidentialité et de discrétion, peinant de ce fait à intégrer les nouvelles exigences de transparence qui nécessitent une transformation culturelle de fond. L’on y craint, généralement, de divulguer à la concurrence des informations sensibles ou stratégiques.
Au-delà de cet aspect, certains dirigeants n’en saisissent tout simplement ni les enjeux ni les bénéfices. Une grande partie d’entre eux conçoit la communication extra-financière comme une contrainte administrative et non comme un levier de performance globale. Il ne faut pas non plus omettre que les entreprises familiales, moins structurées, ne disposent, la plupart du temps, ni des compétences ni des procédures nécessaires pour réussir un reporting ESG en bonne et due forme. Il est grand temps que cela change !
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO