Opinions

Edito. Levier aux effets timides

Ce n’est un secret pour personne. La transmission d’une baisse du taux directeur décidée par Bank Al-Maghrib à l’économie réelle se fait progressivement et son impact n’est pas immédiat. Si la théorie veut qu’une détente monétaire entraîne une baisse du coût du crédit, stimulant ainsi l’investissement et la consommation, en pratique, les répercussions sont loin d’être instantanées et uniformes.

Il faut, en effet, entre 6 et 8 mois pour que la fluctuation à la baisse du taux soit effective. Et c’est justement le cas actuellement puisqu’à l’analyse des derniers chiffres du marché monétaire, la tendance baissière des taux des crédits se confirme.

Sur le marché des bons du Trésor, les rendements ont reculé tant sur le marché primaire que secondaire, prolongeant une dynamique amorcée fin 2024. Sur le marché de la dette privée, les émissions de certificats de dépôt enregistrent également un léger fléchissement.

Pourtant, cette détente ne se traduit pas encore pleinement par un allègement du coût du financement pour l’économie productive. Certes, les taux créditeurs ont baissé, notamment pour les dépôts à six mois, mais le coût global du financement bancaire demeure relativement stable. Les crédits aux entreprises affichent une diminution des taux, avec des baisses notables pour les prêts à la promotion immobilière et les crédits à l’équipement.

Cependant, l’ampleur du recul reste modérée, et les PME, en particulier, continuent de faire face à des conditions de financement contraignantes. Même chose pour les ménages. Si les taux des crédits à la consommation ont légèrement diminué, ceux des crédits immobiliers, en revanche, sont restés quasi stables.

Ce décalage entre l’orientation de la politique monétaire et la réalité des taux appliqués aux emprunteurs interroge. La transmission des baisses de taux est-elle entravée par une réticence des banques ou est-elle induite par d’autres facteurs ? Le contexte macroéconomique joue sans doute un rôle clé.

L’incertitude, les risques inflationnistes résiduels et la prudence des banques dans leur politique de risque limitent la fluidité de la transmission monétaire. La persistance d’un coût du risque élevé et la concentration du crédit sur certaines catégories d’emprunteurs n’aident pas non plus à accélérer le processus.

Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO



Tourisme : le tsunami numérique met les voyagistes au pied du mur


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page