Edito. Le temps de la décision

Chaque année, durant le mois de ramadan, les montres marocaines font un pas en arrière. Et chaque année, la même question revient : pourquoi cette heure que l’on adopte, puis abandonne ? Depuis 2018, le Maroc vit à l’heure d’été permanente.
Ce choix, présenté comme une nécessité économique, n’a pourtant jamais été suffisamment justifié. Ni chiffres clairs, ni bilan… L’argument de l’économie d’énergie semble dépassé à l’ère des technologies durables. Et celui de l’harmonisation avec l’Europe perd de sa force dans un monde où les échanges sont instantanés.
Entre-temps, les effets sur la santé se confirment. Les enfants peinent à s’adapter, les matinées s’allongent, les corps accusent le coup… Et dans bien des foyers, cette heure de plus ressemble surtout à un fardeau supplémentaire.
Pour beaucoup, elle ne s’intègre ni dans le quotidien, ni dans les horloges biologiques. Plus qu’un débat technique, il s’agit d’une question de rythme collectif. Le temps structure nos vies, nos habitudes, notre équilibre. Lorsqu’il change sans concertation, il laisse l’impression d’un temps subi, non choisi.
Cette heure, qui devait servir la productivité, semble surtout déconnectée des réalités du terrain. Les écoles, les entreprises, les transports, les soins : notre quotidien se réorganise, sans que personne n’en mesure vraiment les effets.
À cela s’ajoute une autre question : celle de l’orientation du Maroc vers de nouveaux partenariats, notamment africains. Faut-il alors adapter notre fuseau aux nouvelles dynamiques économiques du continent ? À l’heure où d’autres pays revoient leur position sur le changement d’heure, le Royaume gagnerait à clarifier la sienne. Car toute politique du temps mérite d’être pensée… dans le temps.
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO