Edito. La résilience suffit-elle ?

À première vue, les nouvelles sont bonnes. L’OCDE et la Banque mondiale, dans leurs dernières perspectives économiques sur le Maroc, s’accordent : la croissance sera soutenue, oscillant entre 3,6% et 3,8% en 2025-2026.
Le pays résiste, il avance, il rassure… Mais derrière cette convergence des chiffres, une question plus essentielle : quels leviers, quels choix, quels secteurs pour demain ? La résilience dont il s’agit ici, construite par les performances de la demande intérieure, du tourisme et de l’agriculture, est certes précieuse. Mais la question n’est plus de savoir si le Maroc tient, mais vers où il va.
En d’autres termes : la résilience est-elle une fin en soi ? Ni l’OCDE ni la Banque mondiale ne contestent le cap. Pourtant, leurs rapports révèlent des angles morts critiques.
La première alerte sur le retard en productivité, l’exclusion des jeunes du marché du travail, la pénurie de compétences…
La seconde préfère pointer les risques exogènes : tensions géopolitiques, incertitudes commerciales, notamment. Toutes deux passent rapidement sur ce que le pays ne transforme pas encore : sa capacité à créer de la valeur nouvelle, à redistribuer et à monter en gamme.
Or, c’est bien là que se joue l’avenir. Ce sont les choix sectoriels et le mode de pilotage qui feront la différence, pas seulement les courbes du PIB. Le Maroc a démontré qu’il sait amortir les chocs. Il lui reste à prouver qu’il peut anticiper les transitions.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO