Edito. Incertitude

Le monde agricole s’apprête à franchir un nouveau cap. Celui d’une attente marquée par l’incertitude. Sept années de sécheresse ont, c’est le moins que l’on puisse dire, laissé des traces. Sur les sols mais davantage sur les esprits.

À l’heure où les agriculteurs scrutent le ciel, même les prévisionnistes les plus optimistes n’osent promettre mieux qu’une récolte céréalière de 50 millions de quintaux. Mais l’heure n’est pas encore à la projection. Les pluies n’ont pas encore touché l’essentiel du territoire, les barrages affichent un taux de remplissage à peine supérieur à 30%, et les attentes autour des contours de la prochaine campagne sont de plus en plus pressantes.

Il faut dire que les besoins sont concrets. Si les programmes, comme le soutien au cheptel, ou des semences certifiées sont là pour amortir les chocs et maintenir l’élan, ils peinent encore à instaurer un climat de confiance durable et à donner aux agriculteurs les repères nécessaires pour se projeter au-delà de la saison. Les attentes concernent aussi l’eau, ressource devenue précieuse et désormais rationnée.

La priorité reste, pour beaucoup, la sauvegarde des cultures fourragères, la protection du bétail, ou encore la rotation des espèces. Mais face à un stress hydrique qui s’installe, c’est toute une logique d’accompagnement qui est appelée à se réinventer avec plus d’information, plus de transparence, plus d’anticipation… Force est de reconnaître que la campagne agricole 2025-2026 s’ouvre dans une forme de flottement.

Entre des dispositifs encore en attente de cadrage et des conditions climatiques imprévisibles, elle pose une équation à plusieurs inconnues. Raison de plus pour renforcer le lien entre les institutions et le terrain, afin que l’agriculteur ne soit pas simplement informé mais écouté, associé et accompagné.

Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO