Edito. Ce que le Maroc joue vraiment

À force d’annoncer que «tout sera prêt», on en oublierait presque l’essentiel : l’objectif n’est pas seulement d’être prêt, mais d’en sortir grandi. Ce que le Maroc prépare à travers la CAN 2025 et le Mondial 2030 n’a rien d’un simple cahier des charges. C’est une mutation profonde, collective, irrévocable…
Ce mercredi à Maâmoura, les mots choisis par les ministres n’avaient rien d’anodin. On ne parlait pas de ballon, mais d’écosystèmes. De gestion sur dix ans, de PME, de tissu industriel… Ce qui se ressent, c’est que le sport n’est plus simplement l’aboutissement d’une dynamique, il en devient un point de départ, qui oblige la machine tout entière à se repenser. Car tout converge : infrastructures, mobilité, numérique, tourisme, industrie…, l’événement agit comme un coup d’accélérateur généralisé. Du coup, accueillir le monde impose au Maroc de penser grand, d’agir vite, et surtout, surtout… de se réinventer !
Dans cette course, le vrai enjeu n’est pas d’émerveiller, mais de structurer. L’investissement public, lui, donne le ton : 20 milliards de dirhams déjà engagés pour les stades et 10 milliards supplémentaires en perspective du Mondial… Ce ne sont pas des chiffres symboliques : ce sont les fondations d’un pays qui veut changer de dimension. Mais l’après-Mondial sera le véritable point d’atterrissage. Une fois les tribunes nettoyées et les écrans éteints, que restera-t-il ? Ce moment historique doit laisser bien plus qu’une trace dans les images télévisées, les réseaux sociaux ou les selfies. C’est là que se jouera la crédibilité du Maroc.
Dans sa capacité à convertir l’effort en modèle… À faire en sorte que les stades deviennent des centres de gravité économique et que les routes mènent à des opportunités. Car ce que l’histoire retiendra, ce n’est pas le palmarès. C’est l’horizon que le pays aura réussi à bâtir.
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO