Edito. À bas l’omerta !
Vingt ans après l’«Année de l’autisme», proclamée en 2004 au Maroc, que reste-t-il des promesses d’alors ? Peu, selon le dernier rapport de l’association «Vaincre l’autisme Maroc», qui dresse un constat amer : stagnation dramatique, absence de politique publique structurée, manque cruel de moyens, et surtout, des milliers de familles livrées à elles-mêmes dans une errance souvent douloureuse.
L’autisme, pourtant reconnu à l’échelle internationale comme un enjeu de santé publique majeur, reste encore le parent pauvre de nos stratégies sociales.
Le rapport tire la sonnette d’alarme : flou total pour les familles, exclusion persistante dans le milieu scolaire et dans le monde du travail, thérapies inaccessibles ou inadaptées…, les obstacles s’accumulent et le silence persiste.
Comprendre cette «différence», c’est mesurer l’ampleur des enjeux : inclusion, équité, dignité… Et ce ne sont ni les compétences, ni les exemples à suivre qui manquent. Ce qui fait défaut, ce sont des efforts ciblés, une mobilisation efficace, et une volonté politique affirmée.
Avec une prise en charge adaptée, de la formation continue, une vraie sensibilisation, l’autisme ne sera plus une omerta médicale et pédagogique.
Ce n’est, au fond, ni plus ni moins qu’un pont à jeter vers ces personnes pour entrer dans leur monde et les accueillir dans le nôtre. Sensibiliser ne suffit plus : il est temps d’agir. L’autisme ne demande pas de compassion, mais des politiques claires, des structures adaptées et, surtout, une volonté collective de bâtir une société inclusive.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO
