Coquilles vides
Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement et véritable bête politique, a bien choisi son timing pour évoquer la question de la retraite des ministres et des parlementaires. Le patron de l’Exécutif a profité de sa réunion avec les jeunesses des partis, venues, à leur demande, «implorer» le maintien du quota de «la jeunesse» lors des élections législatives. Et comme un courant important de l’opinion publique -et même au sein des partis- considère que ce quota est purement et simplement une rente politique, Benkirane a surfé, tout au long de l’entrevue, sur la vague de la retraite des ministres pour expliquer à ces jeunes qu’il faut plus que jamais combattre la rente politique ! L’on se demande comment se sont sentis ses interlocuteurs, censés défendre la moralisation de la politique et militer pour la méritocratie, après leur requête insensée ! Cerise sur le gâteau, Benkirane leur apprend qu’il a eu le feu vert du roi pour réformer la retraite des ministres et desparlementaires et remédier à une aberration longtemps passée sous silence. Ont-ils capté ce message pour le moins clair ? Rien n’est moins sûr, notamment avec le satisfecit affiché par d’aucuns après cette rencontre. Aujourd’hui, si les partis politiques n’ont pas réussi à faire émerger des jeunes convaincus des valeurs de la moralisation et de la méritocratie, c’est qu’ils ont échoué dans l’une de leurs principales missions. Le militantisme n’a jamais eu comme objectif final une ascension fulgurante, les candidats brûlant au passage toutes les étapes, sinon nos futures élites politiques s’avéreraient être des coquilles vides.