Bienvenue monsieur le ministre

Il y a quelques semaines, Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales et de la gouvernance, avait expliqué que le gouvernement était injustement indulgent vis-à-vis des minotiers bénéficiant de la subvention. Or, continuait-il, ce sont les distributeurs qui ont manqué aux règles de stockage et d’hygiène, rendant des milliers de tonnes de blé subventionné impropres à la consommation. Cela nous renvoie à une «Enquête exclusive» publiée par les Inspirations ÉCO il y a un mois, à travers laquelle on a mis le doigt sur une mafia qui détourne le blé subventionné, profite d’une manne d’un milliard de dirhams et en prive des millions de démunis, bénéficiant de ce qui est supposé être exclusivement destiné à ces derniers. Le ministre concerné sait donc où réside le mal et avoue qu’il y a des dépassements; qu’a-t-il fait pour mettre fin à ce crime organisé? Notre enquête, aussi claire et précise sur les détournements perpétrés, n’a suscité aucune action du gouvernement.

Ces deux faits nous renvoient au chef de gouvernement lui-même, qui n’arrête pas de crier haut et fort que son cabinet fait de la lutte contre la prévarication (Al-fassad) la priorité de ses priorités. Comment le croire si l’un de ses ministres les plus influents reconnaît «un crime» de manière passive, froide, à la limite de l’indifférence? Une indifférence à l’égard de ce qui s’écrit dans toute la presse nationale chaque jour, où l’on étale pléthore de dépassements, dysfonctionnements et même détournements. Pourtant, le ministre Daoudi dispose de moyens de dissuasion, de contrôle et de sanction à l’égard des contrevenants qu’il évoque. Posture étonnante que celle d’un ministre qui se contente de se plaindre des dysfonctionnements qu’il constate, sans réaction palpable de sa part. Dès lors, on pourrait dire au ministre «bienvenue au sein de nos rédactions» oùnous ne faisons, tous, que constater les dégâts !